Face à la mort : tomber amoureux de la vie

Quelle attitude adopter face à la mort ? Grande question, je vais essayer d'y répondre, sachant que je n'ai pas encore connu cette situation ! (je ne suis pas pressé, j'ai encore le temps, hein.)

Mais d'abord, une petite histoire... de larmes.

Plus jeune, je ne pleurais quasiment jamais. Dans l'univers macho de mon enfance, seuls les faibles pleurent. Mon père, mon modèle, faisait plutôt partie de l'école des "stoïques". Vous voyez de quoi je parle. Tu as mal petit ? Serre les dents et encaisse. Ça passera.

Bon, ça, c'était avant 🙂  Aujourd'hui, je peux lire un bouquin qui m'émeut et verser quelques larmes. Pareil pour un film. Et alors, j'ai le droit non ? Et puis bon, ça fait du bien.

Le premier livre qui m'a fait pleurer, c'est le livre de Mitch Albom qui s'intitule La Dernière Leçon. D'ailleurs, je n'aime pas la traduction du titre. Il aurait fallu coller au titre que Mitch et Morrie avaient choisi pour le livre : "Les mardis avec Morrie".

C'est qui Morrie ? Minute, j'y arrive.

 


Les mardis avec Morrie

Avant de parler de leçons, voici la trame du livre. Pas de fiction ici, c'est une histoire vraie.

Mitch, l'auteur du livre, a connu Morrie à l'université. Un professeur extraordinaire. Vous avez vu le film Le Cercle des Poètes Disparus ? Vous vous êtes dit, comme moi, que vous auriez aimé avoir John Keating (Robin Williams) comme prof ? Morrie est de la même trempe.

Morrie prend Mitch sous son aile, façonne sa manière de voir la vie, lui permet de rêver en grand, de croire en lui. Le jour de la remise des diplômes, Mitch se jure de garder contact. Le fera-t-il ? Bien sûr que non.

Mitch devient journaliste, gros salaire, grosse voiture, pas de temps pour lui. Jusqu'au jour où il voit, par hasard, son cher professeur à la télé. Il souffre de la maladie de Charcot. Il mourra bientôt.

Mitch, sous le choc, décide de rendre visite à Morrie. Ravi de revoir son ancien disciple, Morrie invitera Mitch a revenir tous les mardis pour discuter de la vie et de la mort. Cela constituera la "dernière leçon" et Mitch en fera un livre, avec l'accord de Morrie.

Ce livre est un vrai bonheur de simplicité, d'humilité, de petits bonheurs qui sont énormes tellement ils sont petits. Je ne rends hélas pas justice au livre avec cette brève description.

J'ai lu la version originale il y a 20 ans. Je l'ai relue juste avant d'écrire cet article. Et j'ai encore versé quelques larmes. Comme quoi, je suis encore vivant 🙂

 


Face à la mort, Morrie nous montre la voie

Le 4e mardi, Morrie aborde le sujet de la mort. C'est la semaine avant la rentrée scolaire et les enfants jouent dans la rue. Morrie n'ira plus enseigner à l'université. Morrie va mourir. Bien qu'il arrive à peine à écrire, il a gribouillé quelques notes qui constituent la trame de la discussion.

"Nous savons tous que nous allons mourir. Mais nous ne le croyons pas. Sinon nous agirions différemment".

Que veut-il nous dire ici ? Tout simplement que si nous étions prêts à mourir à tout moment, nous serions plus impliqués dans notre vie. Suis-je en train de faire ce que j'ai besoin de faire aujourd'hui ? Suis-je la personne que je veux vraiment être ?

Faites un petit exercice, si vous le voulez bien. Demain matin, vous vous levez, vous allez dans votre salle de bain et vous vous regardez dans le miroir en vous posant la question suivante : vais-je mourir aujourd'hui ?

Laissez vos peurs de côté. Imaginez juste que ce soir est le dernier soir. Ce thème est récurrent chez les auteurs classiques ou modernes. C'est une technique plutôt efficace pour remettre les pendules à l'heure. Et côté pendule, le tic-tac qui nous amène à la mort nous met tous sur un pied d'égalité.

Si vous sentez l'angoisse monter, vous ne prenez pas l'exercice de la bonne manière. Et si vous avez une frousse abominable de la mort, vous avez encore un peu de travail à faire avant d'utiliser cette technique 🙂

L'idée est simple : dégager tout le superflu.

Passer une heure au téléphone ce soir pour assister à la téléconférence avec les fournisseurs asiatiques alors que vous pourriez rendre visite à vos parents ? A une sœur ? Ou faire une partie de Uno avec votre fils (oui, je l'avoue, j'ai un petit faible pour le Uno, et le destin s'acharne contre moi - je gagne rarement).

Si ce soir est le dernier soir, n'allez-vous pas faire vos choix d'une manière beaucoup plus judicieuse ?

 


L'ambition disparait-elle ?

Morrie explique à Mitch que s'il raisonne de cette manière, son ambition va probablement diminuer.

J'aimerais reformuler, car le contexte ici est bien spécifique : le Mitch de l'époque s’essouffle dans une carrière qui correspond de moins en moins à ses objectifs "du cœur". D'où le commentaire de Morrie. Pour Morrie, il est sain que l'ambition (mal placée) de Mitch s'estompe.

En revanche, si votre ambition est liée à vos projets du cœur, vous allez continuer d'être ambitieux. Et je dirais même qu'au contraire, cette question vous permettra d'aller directement à l'essence de votre projet. C'est la question que Steve Jobs utilisait tous les matins. Ce n'était pas un tendre, il fallait se le farcir, le Steve. Mais il a accompli ses projets du cœur (que l'on soit d'accord ou pas avec ce qu'il a bâtit, ça c'est une autre question).

Et donc non, l'ambition ne disparaît pas. Elle se renforce, se cristallise derrière une ligne conductrice forte. Le reste : ça dégage !

 


Dévorer ce qu'il y a devant nos yeux

Se dire que ce soir, c'est le dernier soir, nous permet de vraiment voir ce qu'il y a devant nos yeux.

Morrie ne peut plus sortir de sa maison. Et pourtant, il apprécie sa petite fenêtre. Il regarde le changement de couleur des feuilles sur les arbres. Il observe la force du vent dans les branches.

Il ne regarde pas, il voit. Il voit la beauté simple de la vie qui coule tout autour de lui, lui qui va bientôt faire le grand voyage.

Si ce soir, c'est le dernier soir, ne pensez-vous pas que vous allez regarder vos proches différemment aujourd'hui ? Et le petit arbre dans la cour ? Et les gens qui s'affairent tout autour de vous pour aller au travail ? Et la musique qui passe à la radio ? Oui et s'il vous plaît, pas de chaîne d'information, pas le temps pour la déprime, car... c'est votre dernier jour ! 🙂

Morrie décide de faire sa cérémonie funèbre de son vivant. Il invite ses meilleurs amis. On rit, on récite des poèmes. On pleure bien sûr. Mais Morrie est encore là, il n'y a donc pas de meilleur moment pour la faire, cette cérémonie ! Ça, c'est bouffer la vie à pleines dents.

Morrie meurt un samedi. Il laissera une marque indélébile à ses "élèves", Mitch en particulier.

Ceci était La Dernière Leçon d'un homme qui a appris à faire face à la mort. Lisez le livre, vous verserez peut-être une larme, comme je l'ai fait. La mémoire de Morrie vaut bien ces quelques gouttes de liquide... en son honneur.

Et avant de vous laisser, une petite photo de Mitch, sa femme et Morrie...