Bonheur sauvage, bonheur d'élevage : ils sont tous bons !

Dans son livre "Vivre Heureux : Psychologie du Bonheur", Christophe André nous parle de deux types de bonheur : bonheur d'élevage et bonheur sauvage.

Le bonheur sauvage est celui qui nous prend par surprise. Un coucher de soleil magnifique lors d'une balade en montagne. Une visite inattendue d'une amie de longue date. Le câlin d'un enfant qui a remarqué qu'on ne se sentait pas très bien aujourd'hui.

Le bonheur sauvage arrive à l'improviste. Il ne dure pas. Mais pendant un instant, nous sommes en communion avec le grand tout. Nous n'avons besoin de rien. Le temps s'arrête. Il n'y a pas d'hier, pas de demain. Juste le maintenant.

Ensuite, il y a le bonheur d'élevage. Celui que l'on cultive dans un petit coin du jardin de notre tête. Celui qui captive tant les personnes qui s'intéressent à l'amélioration de qui ils sont, avec toutes les frustrations que cela comporte.

Tel un jardin, le bonheur d'élevage a besoin d'eau, de compost et de soleil. Traduction : d'attention, de persévérance, d'effort actif, de planification.

Bonheur sauvage

(une histoire de myrtilles... voir plus bas 🙂 )

 


Ce qu'en disent les puristes

Les puristes du bonheur (les grands auteurs classiques du 18e siècle en recherche d’exhalation) ne jurent que par ce bonheur sauvage. Il n'y a que lui qui compte. Les moments de bonheur sont rares dans la vie et il ne faut surtout pas les rabaisser à ce bonheur de bas étage que les éleveurs veulent apprivoiser.

Pour les puristes, le bonheur est fait de moments grandioses, d'aventures, de grandes épopées qui nous sortent de notre zone de confort et nous poussent à démontrer justice et courage.

Je ne souscris pas à cette vue. Je ne veux pas d'un bonheur sorti tout droit d'un livre de Stendhal. J'ai envie d'activement rechercher le bonheur dans tous les petits actes de ma vie. Mais pour cela, il faut que je crée l'opportunité. Car de nature, je ne suis pas un de ceux qui voit la vie du côté positif.

J'ai, en revanche, appris à cultiver une certaine attitude. Il faut beaucoup d'effort. Il faut de la persistance. Il faut se rappeler chaque jour que l'on veut apprécier la vie dans tous ses états. C'est parfois frustrant. Mais ça vaut l'investissement.

 


Une histoire de myrtilles (en Haute-Savoie) !

Il y a quelques semaines, j'étais en Haute-Savoie. J'étais parti à 6 h du matin depuis la plaine, et j'étais quasiment arrivé au point le plus haut de ma randonnée. Mont-Blanc majestueux en face de moi. Et là, je tombe sur un sous-bois couvert de myrtilles que personne n'avait encore touché.

Ces myrtilles, ce sont les meilleures que je n'ai jamais mangées. Car je marchais depuis 6h. Car j'avais faim. Car j'étais seul face au Mont-Blanc. Car il n'y avait pas plus sauvage, pas plus mûr, pas plus juteux, pas plus rempli de nutriments que ces myrtilles.

Ce qui m'a frappé, c'est le fait que ces myrtilles sauvages étaient largement plus goûteuses que celles que j'achète dans le commerce.

Les semaines qui suivirent, j'ai acheté des myrtilles de petits producteurs. Et je me suis dit qu'elles n'arrivaient même pas à la cheville de ces myrtilles sauvage.

Mais vais-je arrêter d'acheter des myrtilles, que j'adore, car j'ai connu le goût inégalable des myrtilles sauvage ? Vais-je me priver de ce plaisir ? Pas question !

 


Deux bonheurs qui peuvent coexister

J'ai besoin des deux types de myrtilles. Et je peux les apprécier à leur juste valeur, même si je sais que l'une n'est pas aussi bonne que l'autre.

J'ai besoin des deux bonheurs. J'ai besoin du bonheur sauvage. Je l'apprécie pleinement lorsqu'il me tombe dessus. Il est plus rare. Il est éphémère. C'est comme une bête sauvage, on ne le cherche pas, c'est lui qui nous trouve au détour d'un chemin de vie.

Mais j'ai énormément besoin du bonheur d'élevage. J'ai besoin de travailler activement sur les petites scènes qui constituent ma vie de tous les jours. Sinon je ne les apprécie pas assez. Et je ne veux pas les laisser partir.

S'il y a quelque chose qui nous file inexorablement entre les doigts, c'est le temps. S'il y a quelque chose que nous regretterons sur notre lit de mort, c'est probablement de ne pas avoir passé assez de temps avec nos proches, à faire des activités qui nous font vibrer.

Alors non, je ne suis pas un puriste du bonheur. Non, je ne recherche pas uniquement le bonheur sauvage. Il me faut jardiner le bonheur. C'est souvent dur, on se prend un coup de soleil à vouloir enlever les mauvaises herbes, on se casse le dos à charrier les brouettes de fumier, et parfois on marche sur un râteau.

Mais je veux ce petit jardin. J'ai envie d'apprécier chaque moment de vie, même s'il semble banal, insipide, pathétique au puriste !

C'est dur. Mais bon sang, maintenant que j'ai goûté aux deux bonheurs, je ne vais certainement pas arrêter d'investir tous mes efforts sur cet élevage bien particulier.

 

Vous avez 2 minutes ? Voici un petit mot de Christophe André en vidéo.