Comment prendre du recul : observer le ciel
Il y a des jours où j'ai envie de me plaindre. Ben oui, ça m'arrive, je me laisse prendre dans ce que j'appelle le script du "pauvre petit moi". Vous connaissez ? Le monde n'a pas été gentil avec moi aujourd'hui, il n'était pas à mes pieds pour assouvir tous mes désirs.
Pas juste !
Lorsqu'une journée comme celle-ci se termine, vous me trouverez parfois en train de ruminer ce que j'aurais pu faire, ce que j'aurais dû dire, etc. Comment prendre du recul lorsque l'on se retrouve dans ce genre de cogitations ?
J'ai une astuce qui m'a toujours rendu service et que vous allez, je pense, apprécier : allez observer le ciel !
Minuscule moi dans l'univers infini
Afin de prendre du recul sur ma petite vie, j'aime bien de temps à autre replacer ce minuscule petit moi dans l'infinité de l'univers.
OK, imaginez la situation.
Nous sommes lundi soir et vous couvez un bon gros rhume. Lundi soir car y a pas à dire, le lundi, c'est pas le meilleur jour de la semaine quelle que soit votre situation professionnelle.
Votre boss vous a fait remarquer, devant tous vos collègues, que le rapport que vous lui avez fourni manque de soin. De retour à la maison, une Audi A4 noire vous a sauvagement fait une queue de poisson.
Pour couronner le tout, en rentrant chez vous, vous notez que le chien a vomi sur le tapis du salon.
Aaaargh !
La soirée va être tendue. Vous revivez l'épisode avec le boss et vous vous voyez en train de lui balancer une réplique cinglante qui le fait rougir. Vous vous imaginez dire deux ou trois petites choses au conducteur de l'Audi A4. Mode pensées obsessionnelles. Le tout en épongeant le vomi sur le tapis du salon.
Quelques chiffres pour prendre du recul
Et là, vous faites une pause et vous vous souvenez tout à coup des faits suivants :
● Le diamètre de l'univers est estimé à environ 93 milliards d'années-lumière, soit 880 000 milliards de milliards de kilomètres (dit, Monsieur, ça fait beaucoup ça ?) ;
● L'âge de l'univers est estimé à environ 13,8 milliards d'années ;
● La Voie lactée, dans laquelle se trouve le Système solaire, dans lequel se trouve notre minuscule planète, comprend de 200 à 400 milliards d'étoiles et au minimum 100 milliards d'autres planètes.
Pas besoin de continuer, je pense que vous avez compris mon point : dans cette immensité, il n'est pas très compliqué d'arriver à prendre du recul.
Nos soucis ne sont rien. Nous ne sommes rien. Rien ! Poussière d'étoiles. Ceci devrait nous aider à remettre nos pensées névrotiques à la bonne place (c'est-à-dire dans la grande poubelle des pensées de l'univers).
Comment prendre du recul avec les étoiles
Mais se dire tout ceci n'est pas suffisant. Absolument pas. Car nous adorons nous torturer l'esprit. 3 minutes ½ plus tard, vous serez de nouveau avec le boss dans la salle de réunion (dans votre tête hein, on est bien d'accord).
Pour solidifier cette notion d'immensité, vous allez donc sortir (dans votre jardin, sur votre balcon), en supposant que le ciel est clair. Vous allez vous allonger, avec une petite couverture s'il fait frais, et vous allez regarder le ciel étoilé, relax, mains derrière la tête.
Maintenant, faites les choses suivantes :
★ Imaginez que vous vous élevez très haut dans le ciel, pour ensuite regarder en bas. Réalisez que nous sommes plusieurs milliards sur cette petite planète à mener une vie sous ce ciel immense et étoilé. Arrivez-vous à voir cette fourmilière qui grouille ?
★ Maintenant, imaginez que vous redescendez sur votre balcon ou dans votre jardin. Regardez le ciel et comprenez que la lumière d'étoiles qui atteint vos yeux est très ancienne. Certaines étoiles que vous croyez voir n'existent même plus !
★ Imaginez que la limite de l'univers, à 880 000 milliards de milliards de kilomètres, est toujours en train de s'étendre à une vitesse folle.
Ce petit exercice a toujours l'art de m'étonner, de m'émerveiller, de me rappeler que mon esprit est tellement limité que je ne pourrais jamais comprendre cette immensité, vraiment la comprendre. Je ne peux qu'essayer.
Ce petit exercice me fait parfois un peu peur car il y a tellement de choses que je ne connais pas, tellement de mystères, tellement de possibilités.
Comme l'a dit Stephen Hawking, brillant astrophysicien qui nous a quitté en 2018, la probabilité qu'aucune vie extraterrestre n'existe est très faible. En d'autres termes, nous ne sommes probablement pas seuls.
Retour au pauvre petit moi
Après avoir passé une vingtaine de minutes à regarder le ciel étoilé, je m'étire et je rentre me poser sur mon sofa, toujours pensif, toujours émerveillé par cette immensité.
Et là, enfin, je comprends comment prendre du recul sur ma situation. Il ne suffisait pas de réciter quelques chiffres. Il fallait s'allonger en faisant face à cet univers en expansion et se laisser frapper en pleine face par le fait que je ne suis qu'un petit microbe.
Mais un microbe qui a un travail important à faire, comme vous. Je peux donc aller me coucher l'esprit beaucoup plus calme, prêt à gérer une nouvelle journée le lendemain. Le boss n'aura qu'à se prendre la tête tout seul avec ses rapports. Et le conducteur de l'Audi A4 n'aura qu'a continuer sa vie stressante. Sans moi.
Notez bien : je n'ai aucune connaissance du ciel (quelque chose que je me suis toujours promis d'étudier mais que je n'ai pas encore fait). Donc pas d'excuse, pas de "je n'ai pas installé l'appli de carte du ciel sur mon smartphone", etc. Il suffit de regarder et de s'extasier.