Être proactif (Habitude 1) - Série Covey
Comment être proactif afin d'accomplir les projets qui vous tiennent à cœur ? Bonne question, jeune padawan, c'est le but de cet article.
Ceci est le troisième article de ma série "Stephen Covey - Les 7 habitudes".
Si vous avez atterri sur cet article depuis votre moteur de rechercher préféré et que vous n'avez pas le contexte, merci de commencer ici (sinon vous serez un peu perdu, ce qui serait dommage).
Dans le modèle de Covey, être proactif constitue l'habitude numéro 1. Nous allons donc commencer par celle-ci, en supposant que vous avez déjà lu mes articles d'introduction de la série.
C'est pas ma faute, m'sieur
Le déterminisme consiste à dire que nos actions et les situations dans lesquelles nous sommes sont déterminées par des évènements externes et antérieurs. Cela ne peut pas être de notre faute, n'est-ce pas ?
Covey explique qu'il existe plusieurs types de déterminisme :
- Le déterminisme génétique qui dit que c'est la faute de vos grands-parents et du patrimoine génétique qu'ils vous ont légué ;
- Le déterminisme psychique qui dit que c'est la faute de vos parents et de l'éducation qu'ils vous ont donnée et les situations dans lesquelles ils vous ont mis plus jeune ;
- Le déterminisme environnemental qui dit que c'est la faute de votre patron, votre conjoint(e), votre adolescent(e) rebelle, le maire de votre ville, le gouvernement, le climat, etc.
Le déterminisme justifie un comportement réactif. En gros, à l'extérieur de nous, il y a un stimulus. Ce stimulus provoque chez nous une réponse automatique et immédiate. Nous pensons que cette réponse est automatique et non modifiable.
Exemple : mon meilleur ami m'a traité de menteur, ce qui m'a mis dans une colère folle.
Être proactif consiste à adopter l'attitude inverse : se donner la liberté d'agir en conscience pour casser ces scénarios préprogrammés.
L'espace entre stimulus et réponse
Covey nous dévoile un fait qui a provoqué chez moi beaucoup de cogitations. Et pourtant, une fois qu'on vous l'a expliqué, c'est une évidence. Mais il faut l'entendre et le décortiquer. Le voici :
Entre stimulus et réponse, il existe un espace dans lequel nous avons la liberté de choisir afin d'être proactif.
Ceci m'a frappé car je suis colérique de nature. Le colérique réagit au quart de tour s'il traverse un mauvais jour. Il aura vite blâmé la belle-mère, le chat et la poignée de porte (cassée) des toilettes pour son mal-être. Cela a été mon cas pendant des années (ça va mieux, je vous rassure, mais j'ai toujours mes moments).
Et lorsqu'on est dans de tels états de réactivité, je peux vous dire que l'espace entre stimulus et réponse est... comment dire... fin comme un cheveu.
Mais à un moment de ma vie, il fallait que j'entende cette vérité, que je la laisse me frapper en pleine figure. L'opportunité de changer résidait dans ces quelques microsecondes entre stimulus et réponse, cet espace dans lequel je pouvais décider de la suite des évènements.
Dans cet espace, je peux faire une pause, demander des clarifications à mon ami, ou peut-être réaliser qu'il traverse une mauvaise passe, ou tout simplement prendre conscience qu'effectivement, j'ai donné la perception d'être un menteur à un moment donné.
Ne vous méprenez pas, arriver à agir dans cet espace requiert beaucoup de self-contrôle. Des années de travail. Mais c'est ce petit espace de quelques nanomètres qui nous permet d'être véritablement proactif.
Voici des astuces qui m'ont aidé au fil des années :
- Me répéter chaque matin que je suis seul maître de mes décisions, que dans ma journée, je vais recevoir de nombreux stimuli et que je pourrai faire une pause pour décider de la meilleure manière de réagir. Ceci peut être écrit sur une feuille volante, un carnet, une tablette, peu importe. Le tout est de le lire chaque matin.
- Méditer car cela me permet d'être plus présent dans le moment. Si je suis perdu dans mes pensées, que je suis en train de ruminer sur un projet, je vais être en mode réactif. Si je suis présent dans le moment, c'est comme si les actions se passaient au ralenti, je vais probablement pouvoir intervenir.
- Exemple : mon fils a pris mon vélo et comme par hasard, le pneu est à plat.
- Mode réactif : "c'est pas possible, t'as encore pas pris soin de mon matériel, tu ne respectes rien", etc.
- Mode proactif : "c'est la 2e fois que tu me laisses un vélo avec un pneu à plat. Tu sais changer une chambre à air ? Non ? Allez je te montre."
- A posteriori, une fois la situation passée (et si j'ai eu une attitude réactive, et lorsque j'y pense) - je revis la situation dans ma tête et je me vois faire une pause et faire un choix plus avisé. Je comprends que j'aurais pu envisager différentes alternatives. Ceci est un bon exercice pour forcer le cerveau à établir les bons réflexes.
Être proactif implique surveiller son langage
Les mots et les phrases utilisées par les personnes réactives mettent la responsabilité hors de leur personne. Surveillez les phrases suivantes qui pourraient sortir de votre bouche :
- "J'y peux rien, je suis comme ça, je suis né boulimique, lorsque je commence à manger j'arrive pas à m'arrêter"
- "Il me rend complètement chèvre, c'est presque physique, dès qu'il est à proximité, j'ai envie de donner des coups de pied au mur"
- "J'entends bien ce que tu me dis, j'aimerais bien m'y mettre, mais avec mon emploi du temps, il m'est impossible de faire ces changements"
- "Il faut que j'aille à ce rendez-vous. Cela ne me plaît pas beaucoup, mais je n'ai pas le choix, sinon je ne sais pas ce que les gens vont penser de moi."
Covey donne le tableau suivant qui peut vous aider à apprivoiser le langage.
Exemple de langage réactif | Exemple de langage Proactif |
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Choisir d'aimer
Dans ce chapitre du livre de Covey, il y a une histoire qui m'a beaucoup marqué, je vais donc vous le transcrire ici. Durant un séminaire, Covey expliquait le concept de proactivité aux personnes en face de lui. Un homme vient le voir et lui dit :
"Stephen, j'aime bien ce que vous dites. Mais chaque situation est tellement différente. Regardez mon mariage. Je suis inquiet. Moi et ma femme, nous n'avons plus les mêmes sentiments l'un pour l'autre. Je suppose que je ne l'aime plus et qu'elle ne m'aime plus. Que puis-je faire ?"
"Les sentiments ne sont plus là, c'est bien ça ?"
"C'est ça, et nous avons trois enfants à charge. Que suggérez-vous ?"
"Aimez-la."
"Je vous ai dit, les sentiments ne sont plus là comme avant."
"Aimez-la."
"Vous ne comprenez pas. Le sentiment n'est plus là."
"Alors aimez-la. Si le sentiment n'est plus là, c'est une excellente raison pour l'aimer."
"Mais comment aimez-vous quelqu'un que vous n'aimez plus ?"
"Mon ami, aimer est un verbe. L'amour - le sentiment - est le fruit d'aimer, le verbe. Alors aimez-la. Soyez à son service. Faites des sacrifices. Écoutez-la. Appréciez-la. Mettez-la en valeur. Êtes-vous prêt à faire cela ?"
Voilà ce que c'est d'aimer d'une manière proactive...
Cercle d'influence et cercle des préoccupations
Covey nous donne une autre manière de voir les choses afin d'être proactif.
Nous avons tous une longue liste de préoccupations : notre santé, notre travail, l'économie de notre pays, la santé de l'environnement, la dette nationale, la course à l'armement nucléaire, etc. Cette liste de choses se retrouve dans notre "cercle des préoccupations" (en bleu).
En faisant cette liste, nous nous apercevons que certaines préoccupations tombent dans ce que Covey appelle le "cercle d'influence", c'est-à-dire la zone dans laquelle nous avons un contrôle direct. Les autres se retrouvent dans une zone sur laquelle nous n'avons pas de contrôle direct.
La devise de l'organisation Alcooliques Anonymes me semble parfaitement illustrer ce modèle : "Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé ; et le courage de changer ce qui peut l’être ; mais aussi la sagesse de distinguer l’un de l’autre".
Être proactif, c'est savoir où concentrer ses efforts d'une manière constructive. C'est focaliser son énergie sur les choses sur lesquelles nous avons un contrôle direct.
C'est aussi accepter que certaines préoccupations sont influençables d'une manière indirecte et nécessitent un travail de longue haleine qui appartient plus à l'habitude 6 "Créez des synergies", car il nous faudra souvent agir en tant que groupe, tribu, village, peuple pour faire évoluer ces préoccupations.
Dans le modèle de Covey, la personne proactive arrive à agrandir son cercle d'influence à l'intérieur de son cercle de préoccupations. Elle se donne donc les outils pour être de plus en plus influent. La personne réactive, au contraire, voit son cercle d'influence rétrécir car elle subit les pressions externes et ne se donne pas les moyens d'attraper le gouvernail.
Et puis parfois, pour certaines préoccupations, nous n'avons tout simplement aucun contrôle. Et là, que dire de plus sinon : souriez et acceptez d'une manière paisible car toute autre réaction n'a aucune logique... et pourtant, qui n'a pas pesté au sujet de la météo 🙂
Faire des promesses et les tenir
Au cœur de l'être proactif, il y a une capacité à s'engager d'une manière fiable. Cela signifie que (1) on va dire qu'on s'engage, on fait une promesse et (2) on la tient.
De la même manière, on peut se fixer un objectif (à soi-même, travail intérieur), et s'y tenir.
Ceci se cultive et se travaille, un peu comme un muscle. Si vous n'avez pas l'habitude de tenir vos engagements, il faudra commencer par des petits projets, de petites victoires. Et au plus vous tenez vos engagements, au plus vous vous sentirez capable d'en tenir des plus grands.
Covey mentionne (dans un autre livre) l'exemple d'un homme qui avait perdu son travail, sa famille, et qui se retrouve à ne plus rien faire de ses journées. Il n'arrive même plus à être à l'heure à un simple rendez-vous car il n'arrive plus à se sortir du lit. Cet homme explique à Covey son incapacité à remettre sa vie en ordre (énorme projet). Covey lui demande de commencer par un objectif simple et de s'y tenir : se lever le matin.
Je ne vais pas vous raconter toute l'histoire, mais elle se termine bien. Peu à peu, cet homme arrive à se fixer de plus en plus d'objectifs et à s'y tenir.
Bon, ça fait beaucoup de choses à ingurgiter pour un article. Et nous n'en sommes qu'à l'habitude n°1 !