Faire confiance aux autres

J'évite le supermarché autant que possible. Je préfère largement les petits commerces de proximité. Mais vous savez ce que c'est, il y a parfois 2 ou 3 petites choses à acheter dans ces "antres de la consommation".

Aujourd'hui, je ramenais mon chariot pour récupérer mon jeton en plastique, lorsque je croise une dame qui était en train de rouspéter. Elle n'arrivait pas à insérer son jeton pour récupérer son chariot. Je lui propose donc mon chariot qui était maintenant vide en échange de son jeton en plastique.

La dame n'a jamais voulu ! Elle a insisté pour garder son jeton. Dans ses yeux, je voyais bien qu'elle sentait l'arnaque. Mais quelle arnaque ? J'essayais juste d'être serviable. Au final, je lui ai donc demandé son jeton que j'ai inséré pour qu'elle récupère son chariot. Elle était très contente.

Et là, je me suis dit : qu'a-t-on fait, dans notre société, pour en arriver à un tel manque de confiance aux autres ?

Faire confiance aux autres

 


Pas de confiance dans mon enfance

J'ai grandi dans un petit cocon, très entouré de ma mère et de mes grands-parents. C'était un cocon très douillet, très protecteur. Il ne fallait pas trop en sortir car à l'extérieur, le monde était hostile.

J'ai donc grandi avec cette impression que mon prochain, quelque part, était là pour profiter de moi. C'était inconscient bien sûr. Mais je m'aperçois aujourd'hui que c'était une croyance bien ancrée.

Les parents croient bien faire en inculquant des valeurs d'extrême prudence à leurs enfants. En tant que parent, je comprends tout à fait. Mais je pense qu'on ne réalise pas l'impact que ceci peut avoir sur la relation que l'enfant développera avec son univers.

 


Qu'est-ce qu'il me veut celui-là ?

Pendant une bonne partie de ma vie, lorsque quelqu'un m'abordait dans la rue par exemple, j'étais suspicieux. Pour au final m'apercevoir que cette personne avait besoin d'un simple renseignement ! C'était un réflexe qui venait des tripes. Je le regrettais par la suite, mais le réflexe revenait vite.

Dans les endroits où il y a de nombreuses personnes qui quémandent (dans le métro, dans certaines rues), dès qu'une personne "suspicieuse" (dans mon esprit) m'adressait la parole, je passais mon chemin en disant "non merci". Surtout ne pas regarder la personne dans les yeux !

Et au fait, elle voulait quoi exactement cette personne ? Bon, ben elle n'a qu'a demander à la personne suivante.

 


Une image créée de toutes pièces

Aujourd'hui, je ne veux plus vivre comme ça. Je ne peux pas être heureux si je me projette un monde hostile et agressif. Je veux faire confiance aux autres.

Je réalise que cette image, c'est moi qui me la suis créée de toutes pièces. Certes, les médias n'ont pas aidé. Pendant mon enfance, à la maison, la télévision tournait sans arrêt en bruit de fond. Et vous connaissez la soif des médias pour le scoop, le sensationnel. Que voulez-vous, l’agression et la violence, c'est bon pour les chiffres d'audience !

Mais c'est tout de même une image que je me suis créée et je dois accepter ma responsabilité dans sa création.

Et si j'accepte que je suis responsable de sa création, alors j'accepte aussi que j'ai le pouvoir de créer une autre image.

 


Confiance aux autres, pas naïveté

Faire confiance ne veut pas dire qu'on se laisse mener en bateau ou que l'on se fait arnaquer facilement.

Si l'inconnu en face de moi commence à me proposer un plan tordu, je vais clairement revenir sur mes gardes. Si je marche dans une rue sombre à 2h du matin dans un lieu désert et qu'un homme douteux m'interpelle, je vais probablement tester la souplesse et le rebond de ma paire de Nike, si vous voyez ce que je veux dire 🙂

Mais dans les situations de tous les jours, franchement, pourquoi est-ce que j'irais me dire que la personne que je croise veut profiter de moi ?

 


Le bonheur passe par la confiance

Nous pouvons tous créer une image d'un prochain amical et préoccupé du bien être de tous.

Oui, je sais, le monde est devenu cynique. Mais n'avons-nous pas une responsabilité de le changer cela justement ? De le rendre plus accueillant ? L'action ne commence-t-elle pas à notre niveau, tout en bas de l'échelle ?

Je refuse le cynisme. Je décide de créer un monde dans lequel la personne qui m'aborde est un être bon, avec ses joies et ses peines, et oui, parfois ses difficultés qui vont le rendre agressif. On passe tous par ces moments-là non ?

Voici des exemples d'actions que j'ai entreprises à mon échelle :

  • Lorsque je suis dans une période dans laquelle je me dis que le monde est agressif, je travaille dessus pour, au contraire, visualiser un monde bon et accueillant. Ceci doit être proactif.
  • Je souris lorsque je suis dans la rue, ou lorsque je rentre dans un magasin, ou que j’interagis avec des personnes que je ne connais pas. J'accepte ma responsabilité de donner l'image d'un inconnu bienveillant.
  • Je m'arrête lorsque l'on m'aborde et je souris à la personne. J'écoute ce qu'elle a à me dire. Si elle veut me vendre quelque chose, je n'ai pas besoin d'être désagréable et de passer mon chemin en regardant le sol. Si elle a besoin de moi pour un sondage et que je n'ai pas le temps, je peux tout simplement dire non.

Si nous pouvons recréer un modèle dans lequel nous faisons confiance à notre prochain, la vie n'en sera que plus douce. Mais il faut que nous acceptions tous notre responsabilité individuelle de créer ce changement.