Les frustrations de la méditation
Je m'assois, jambes croisées, dos droit. Je ferme les yeux.
Aujourd'hui, je m'accorde 20 minutes de méditation. Je mets mon minuteur.
Je commence par une respiration profonde pour essayer de me recentrer rapidement. Pendant quelques secondes, je me concentre sur les sensations de mon corps contre la chaise.
Puis je commence à prendre conscience de mon souffle. J'essaie de ne pas le modifier, de le laisser suivre son rythme naturel. Je l'observe au niveau des narines. Je porte mon attention sur la sensation de l'air légèrement frais qui rentre et qui sort.
Un moment plus tard, je m'aperçois que mon esprit est ailleurs, en train d'écrire cet article. Je reprends une respiration profonde qui m'aide à faire une mini remise à zéro. J'observe ma respiration à nouveau.
Mon dos me fait mal aujourd'hui. Le jardinage d'hier. Il faut que je pense à prendre rendez-vous avec mon ostéopathe.
Au passage, je note que je suis ailleurs, je laisse cette pensée s'évaporer, sans jugement. Je reprends une respiration profonde pour me recentrer.
Un moment plus tard, ma mère tape à la porte. Il n'y a que moi dans la maison, personne pour répondre. Elle entrouvre et crie "y a quelqu'un ?". Que faire ? Je ne réponds pas, et je me dis que je suis un mauvais fils. J'irai la voir plus tard.
Et je note au passage que j'ai perdu le fil de ma méditation. Je reprends une respiration profonde pour me recentrer. J'observe ma respiration au niveau de mes narines.
J'ai mal dormi cette nuit. Au bout d'un moment, je commence à sombrer, ma tête tombe, ce qui m'arrive parfois. J'ouvre les yeux pour me tenir éveillé. Je reprends une respiration profonde pour me recentrer.
J'ouvre les yeux. Je bascule ma méditation sur mon champ de vision et plus sur ma respiration. J'observe le radiateur sur le mur opposé.
Un moment plus tard, mon fils passe juste devant moi. Il ne dit rien, il sait que je médite. D'ailleurs, j'étais censé lui faire faire ses devoirs, non ? Et il est quasiment midi.
Et je note au passage que j'ai perdu le fil de ma méditation. Je me recentre sur le radiateur car si je ferme les yeux, j'ai peur de m'endormir. Il me faut un petit moment pour ne pas revenir sur les devoirs, car je culpabilise, ce qui occupe ma pensée.
Je respire profondément et je me recentre.
La minuterie sur mon téléphone se réveille pour me donner le petit gong caractéristique. Ma méditation est finie.
Pas terrible aujourd'hui. J'ai connu bien mieux. On verra demain.
Des années de pratique, et toujours des frustrations. Rapidement, je lâche prise, je laisse cette frustration s'échapper comme j'ai laissé échapper mes pensées durant ma séance. Ce n'est que du vent.
Chaque instant est une renaissance. A chaque instant, je peux libérer mon esprit des boulets du passé.
Demain, je méditerai à nouveau. Et le lendemain. Et le jour suivant.
Il n'y a pas de bon ou de mauvais jour de méditation. Il y a juste le présent, dans toute sa splendeur. Il faut savoir observer le calme certains jours, la tempête et les vagues les autres jours.
Ne vous découragez pas. Vous aurez de nombreuses séances qui ressemblent à celle-ci. Pas de jugement. Pas d'auto-flagellation.
Donnez-vous simplement rendez-vous demain, même endroit, pour continuer ce voyage.