Musique anti stress : choisissez bien votre style
La musique est un outil thérapeutique assez incroyable.
Personnellement, j'ai mes différentes playlists pour différents moments de la journée. Musique rythmée pour me stimuler lorsque j'ai un coup de pompe. Musique "ensoleillée" lorsque j'ai un coup de déprime.
Et bien sûr, musique anti stress pour me calmer et lorsque je suis prêt à montrer les crocs 🙂
Nous avons tous différents goûts musicaux. Chez mes enfants par exemple, c'est plutôt rap (stimuler) et électro (détente). Chez moi, c'est du côté des guitares au son bien saturé que je trouve ma caféine (traduction : rock). Pour la détente, je suis plutôt amateur de musique classique.
Il est tout à fait possible de choisir différents styles de musique anti stress : jazz, country, électro, ambiance, etc.
En revanche, existe-t-il un style particulier qui devance tous les autres dans sa capacité à détendre et relâcher la tension ? La réponse est définitivement oui.
Intuitivement, essayez de deviner, avant que je ne vous donne la réponse (non, on ne regarde pas plus bas, on ne triche pas).
Petit interlude : le mange-disque
La musique a un impact émotionnel assez incroyable. C'est un peu comme les parfums.
En ce qui me concerne, il suffit que je renifle un brin de lavande pour me faire catapulter en enfance dans mes collines provençales.
Idem pour la musique. Il suffit que j'entende à la radio un morceau qui m'a accompagné dans une période de ma vie et je me fais, en douce, un petit voyage dans le temps.
Ma génération a grandi au rythme de la musique, à une époque où c'était l'une des seules distractions (avec la télévision).
Gamin, je ne sortais jamais sans mon mange-disque, orange, avec une poignée pour l'aspect pratique. Dedans, j'enfournais allègrement du Claude François et un morceau qui m’obsédait, "Popcorn".
Ouaip, ça fait un bail, je ne vous le cache pas.
Bon, ça, c'était l'interlude, histoire de vous donner un peu plus de temps pour réfléchir au style de musique "gagnant" pour se relaxer. Faites vos jeux...
Compter à l'envers de 13 en 13...
Allez, on s'épluche une petite étude.
Chafin et son équipe à l'université de Californie à San Diego ont fait l'expérimentation suivante (1).
Prenez 75 étudiants et stressez-les. Comment faire ? D'abord, si comme moi vous avez des jeunes gens à la maison, vous savez que c'est à la portée de tous ! Mais là, je dois dire que les chercheurs se sont surpassés. Voici la recette.
Faites leur faire des calculs pendant 3 minutes : compter à l'envers de 13 en 13 en démarrant à 2397. Au bout de 30 secondes, dites leurs qu'ils sont beaucoup trop lents et faites-les recommencer, cette fois plus rapidement.
30 secondes après la première interruption, dites-leur que leur performance est pathétique et faites-les démarrer à nouveau mais cette fois en comptant à l'envers de 7 en 7, car de 13 en 13 semble être "trop compliqué pour eux". Etc.
Au bout de 3 minutes, vous avez des étudiants qui sont bien à cran. A ce stade, mesurez leur pression artérielle et leurs battements de cœur. Résultats :
- Augmentation de la pression artérielle systolique de 1,95 en moyenne ;
- Augmentation de la pression artérielle diastolique de 1,34 en moyenne ,
- Augmentation du rythme cardiaque de 10,4 battements par minute.
Donc confirmation, nos étudiants sont définitivement sous pression. Continuons...
Musique anti stress : Pachelbel contre Matthews
Ensuite, on divise le groupe en plusieurs sous-groupes :
- Groupe 1 : ceux qui vont aller se relaxer en écoutant du jazz (Miles Davis, "Flamenco Sketches") ;
- Groupe 2 : ceux qui vont écouter des musiques du Top 40 du moment ("Angel" de Sarah McLachlan et "Crash Into Me" de Dave Matthews) - l'étude date de 2004 !
- Groupe 3 : ceux qui vont écouter de la musique classique (Canon de Pachelbel, premier mouvement des Quatre Saisons de Vivaldi) ;
- Groupe 4 : ceux qui n'écoutent rien.
- Groupe 5 : ceux qui peuvent choisir entre jazz, Top 40, classique ou rien.
L'écoute se fait pendant 10 minutes, durant lesquelles on mesure leurs paramètres cardiovasculaires.
Les résultats sont ci-dessous pour la pression artérielle systolique (résultats similaires pour les autres paramètres).
Dans le premier tiers du graphe à gauche, vous voyez les paramètres avant l'épisode stressant. Tout le monde est à peu près au même niveau - calme.
Dans le deuxième tiers, la section du milieu, vous voyez une montée brutale de la pression artérielle. Normal, un stress fait monter la tension.
La section la plus importante et la plus intéressante se trouve dans le troisième tiers à droite. On voit une redescente de la tension. Normal, la torture mentale est terminée. En revanche, la plupart des participants restent sous état de stress et ne redescendent pas au niveau initial.
Enfin, quasiment tous. Le groupe qui revient à la normale au bout de 2 à 3 minutes est le groupe 3, ceux qui ont écouté la musique classique.
Les autres ont probablement envie de prendre l'un des chercheurs et d'en faire un punching-ball...
Musique anti stress : adoptez le classique
La conclusion est claire : entre Vivaldi et Miles Davis, KO pour ce cher Miles. Entre Pachelbel et Dave Matthews, Dave peut retourner au vestiaire.
Et si vous n'aimez pas la musique classique ?
Fausse excuse. De nombreux morceaux de classique sont abordables par tous, pas besoin d'avoir une éducation musicale ni de savoir décortiquer la 5e de Mahler.
Personnellement, j'ai mes petits favoris, je vous en donne quelques-uns ici, j'espère que vous les apprécierez autant que moi :
- Le Requiem de Gabriel Fauré (tout simplement magistral)
- Trois Gymnopédies d'Eric Satie (sublime)
- Deux Arabesques de Claude Debussy (j'en ai les frissons rien que d'y penser)
- Pavane de Gabriel Fauré
- Sonate pour piano n°8 de Beethoven
(et tellement d'autres !)
Construisez votre propre playlist de musique classique. Gardez-la à portée pour le prochain coup de stress (et respirez un bon coup).
La musique classique fait baisser la tension, calme le cœur et adoucit l'esprit.
Fabuleux comme outil non ?
(1) Chafin S, Roy M, Gerin W, Christenfeld N. Music can facilitate blood pressure recovery from stress. Br J Health Psychol. 2004 Sep;9(Pt 3):393-403.
