Quand le confinement est un vecteur de changement
Nous traversons actuellement une crise sans précédent. Une fois le confinement terminé, nous devrons probablement gérer une crise économique globale.
Il y a une certaine énergie, une certaine tension dans l'air. Je ne sais pas si vous le sentez. Personnellement, j'ai l'impression que nous tournons une page.
Je sens venir une grande remise en question (du moins je l'espère) sur le fonctionnement de nos sociétés et de l'économie mondiale.
Toute crise est structurante. Voyons ceci comme une grande opportunité de nous remettre en question, en particulier d'un point de vue vie sociale et vie en communauté.
Confinement et rapprochement familial
Tout d'abord, nous avons rassemblé notre famille sur un même lieu. Parents et enfants coexistent, parfois sur un petit espace. Il y a les cours à suivre pour les plus jeunes, les parents qui essaient de travailler, cuisiner, et aider les plus jeunes à continuer leur parcours éducatif.
Et surtout, cette proximité que nous n'avions pas connue depuis longtemps. Certes, il y a les vacances. Mais c'est différent car chacun a quelques activités hors de la maison. Là, tout le monde est sur place et ne bouge pas.
Il faut donc réapprendre à vivre ensemble. Chose qui est bien ancrée dans notre histoire car dans le passé, ceux qui n'avaient pas les moyens vivaient sur le même lieu. Il fallait bien s'entraider.
Deux siècles d'industrialisation nous ont fait perdre cette notion. J'estime qu'il est bon et sain de la retrouver, car qui sait ce que le futur nous réserve ?
Ne serons-nous pas amenés à vivre ensemble si le futur demande des restrictions sévères pour protéger la planète et l'environnement ?
Retrouver des activités saines
Mes enfants, qui sont en principe attirés par les jeux vidéo (bien que l'usage soit très restreint chez nous), se sont naturellement dirigés vers d'autres activités.
Les plus vieux ont appris au plus jeune comment jouer à la belote. Les jeux de société sont de nouveau sur la table avec les pions et les cartes de couleur.
Nous avons la chance d'avoir un jardin. L'après-midi, tout le monde profite du soleil avec des jeux de ballon, du frisbee. Nous ne vivons pas un confinement en appartement, et nous sommes conscients de la chance que nous avons.
Ce n'est pas moi qui ai proposé ou imposé cette routine plutôt saine. Elle s'est installée d'elle-même. Car personne n'a envie de se retrouver collé devant un écran en cette période de crise. L'esprit de groupe ressort. On a plus envie de partager.
Et puis on discute, on lit, on prend le temps de se poser et de réfléchir. On n'a pas le choix, c'est vrai. Mais on n'avait plus fait ceci depuis... combien de temps ?
Reconnecter à distance
Un de mes bons amis vit seul chez lui. Cela ne le dérange pas, il a ses passions et ses occupations. Mais il m'expliquait qu'il n'avait jamais eu autant d'appels des amis.
Car en ces temps étranges, on s'est souvenu qu'on avait des amis, et qu'ils comptent. Et on n'a rien d'autre à faire de toute manière, donc on va aux nouvelles.
Ce n'est certes pas pareil qu'une visite en personne. Pour l'instant, on se reconnecte à distance. Mais c'est l'intention qui compte, de prendre le temps de prendre des nouvelles et de vraiment écouter.
Et après le confinement ?
Après le confinement, il y aura une crise économique à gérer et chacun devra faire des sacrifices. Les petits commerces souffrent déjà. Les grosses entreprises seront maintenues par les gouvernements. Mais personne n'en sortira indemne.
J'espère que ceci sera un accélérateur vers une vie de proximité. Que chacun réfléchira à comment construire sa résilience : faire pousser ses légumes, réparer ses affaires plutôt que de les jeter, vraiment prendre soin de sa santé.
Peut-être repartirons-nous sur des bases plus saines. Et peut-être que ceci ne durera qu'un temps. Mais j'ai bon espoir que la transformation soit permanente et que l'on ne puisse plus revenir à l'état du monde tel qu'on l'a connu.
J'aimerais donc que l'on considère cette crise comme un tremplin vers une nouvelle ère de réflexion et de changement.
Car il est possible (probable ? certain ?) que d'autres crises similaires nous attendent.