Accepter les moments difficiles : au cœur de la tourmente
Pendant des années, j'ai attendu que le stress disparaisse de ma vie.
J'étais convaincu qu'en changeant de lieu, de profession, de cercle social, j'allais pouvoir me construire un havre de paix.
Ma quête était vaine et je n'avais rien compris.
La question n'est pas comment faire disparaître les difficultés. Elles font partie de la fibre même du tissu de la vie.
Le stress, les défis, les moments difficiles feront toujours partie de notre vie, de notre naissance jusqu'à notre mort. Sans eux, nous ne pouvons pas nous élever à des niveaux supérieurs de sagesse.
Il faut donc les accepter et apprendre à vivre gracieusement au cœur de la tourmente et accepter les moments difficiles.
Explications...
On est là pour quoi exactement ?
On pourrait passer notre vie à rechercher notre mission. L'éternelle question "je suis là, sur cette terre, pour faire quoi exactement ?"
J'ai passé des années à réfléchir à cette question. Vous aussi peut-être. Et rassurez-vous, nous ne sommes pas les premiers !
J'ai eu plusieurs périodes. Dans mes jeunes années, la mission que je m'étais fixée était simple : trouver un travail pas trop loin de mes parents et fonder une famille. A cette époque, je n'étais pas encore sorti de ma petite ville de campagne.
Ensuite, je me suis ouvert au monde. J'ai voyagé. J'ai rencontré des gens qui m'ont marqué. Et j'ai commencé à me poser pas mal de questions. Dans cette période de grande réflexion, je me suis convaincu que nous sommes tous destinés à faire de grandes choses.
Et donc je me suis mis la bonne grosse pression. Qu'allais-je bien pouvoir faire pour sauver la planète ?
Quelques années plus tard, je revenais à un modèle qui me paraissait simple et sain : nous sommes ici pour vivre et apprendre, tout simplement.
On peut vivre et apprendre en étant Mère Thérésa ou l'Abbé Pierre. Et on peut vivre et apprendre en s'occupant d'un père qui souffre de la maladie d'Alzheimer ou en aidant des animaux abandonnés.
L'un n'est pas plus honorable que l'autre. Le tout, c'est d'aller à la rencontre de la vie, de prendre le bon, de prendre le mauvais. Tout est leçon.
Entre ces 2 situations, que choisiriez-vous ?
Je vais postuler ici que notre rôle sur cette terre, au final, est d'apprendre et de gagner en sagesse et en maturité.
Je vais maintenant vous poser une question. Pas de piège, mais réfléchissez avant de donner une réponse. D'après vous, laquelle de ces deux situations nous fournit la meilleure opportunité d'apprendre ?
(1) Vous avez décidé de devenir famille d'accueil. Vous hébergez actuellement une jeune fille de 12 ans qui a été malmenée par ses parents lorsqu'elle était plus jeune. Cela fait 2 ans qu'elle passe d'une famille à l'autre. Elle est perdue, dépressive, rebelle, parfois destructrice.
Vous vous en occupez du mieux possible. Vous n'êtes pas parfait, il y a les crises, les pleurs, les portes qui claquent. Vous lui donnez beaucoup d'affection. Elle vous repousse souvent mais vous voyez bien qu'au fil des mois, vous arriverez à lui redonner le sourire. Vous n'avez jamais rien vécu d'aussi difficile.
(2) Vous avez gagné 500.000 € à la loterie nationale. Vous décidez de partir 6 mois en Thaïlande à voyager tout confort. La vie est belle, vous découvrez une nouvelle culture, une nourriture fabuleuse, les plus beaux couchers de soleil. Vous n'avez pas envie de rentrer. Vous n'oublierez jamais ce voyage.
La première situation vous donnera 10 années de maturité en une. Vous aidez une personne en détresse, et au travers de cette dure expérience, vous arrivez à comprendre une petite partie de la souffrance du monde. Cela vous permet d'ouvrir votre cœur.
La deuxième situation est certainement des plus agréables. Tout le monde en rêve. Si vous donnez le choix à une personne prise au hasard, elle choisira certainement celle-là.
Mais qu'apprendrez-vous au travers de cette expérience ? Pas grand-chose. Vous aurez vu de belles images, mangé de bonnes choses. Mais qu'avez-vous gagné en sagesse ?
Accepter les moments difficiles comme structurants
Ma conclusion est donc la suivante : l'apprentissage, le vrai, celui qui nous fait progresser vers les "niveaux supérieurs" de sagesse, ne peut se faire qu'au travers des épisodes qui nous expulsent hors de notre zone de confort.
Et même, disons-le, au travers des expériences difficiles qui peuvent aller jusqu'à la souffrance.
Soyons clairs, personne ne choisira la souffrance a priori. Ceci n'est pas humain. Mais a postériori, je pense que l'on peut arriver à justifier une souffrance passée en lui donnent une signification.
C'est du moins ce que j'essaie de faire, et cela m’apaise. Les épisodes de ma vie qui m'ont fait souffrir sont devenus mes meilleurs maîtres.
Alors arrêtons de rechercher une vie sans défis, sans épisodes difficiles, sans stress. Tout ceci fait partie intégrante de notre vie, qu'on le veuille ou non. Apprenons à gérer notre stress, oui, certainement. Apprenons à gérer notre manière de faire face.
Mais n'allons pas nous isoler, nous sortir de ce magnifique tourbillon qu'est la vie, comme j'ai si souvent voulu le faire. J'ai toujours ces envies de partir et de m'isoler, mais cela reste relativement rare.
L'apprentissage se fait au cœur du tumulte, pas au soleil sur une île déserte avec un daïquiri à la main. Il faut accepter les moments difficiles car ils sont structurants.
(Une citation inspirante d'Angela Merkel sur accepter les moments difficiles : "Je suis reconnaissante pour tous les moments difficiles que j'ai vécus et toutes les larmes que j'ai pleurées parce que cela m'a rapproché de Dieu et a fait de moi la femme forte que je suis aujourd'hui !")
Voir aussi : Une vie sans problèmes ne vaut pas la peine d'être vécue