Ado déprimé : on intoxique nos jeunes

Je pourrais vous parler de Nutella, kebab-frittes, pesticides dans l’alimentation et polluants dans les produits cosmétiques. Ils intoxiquent nos jeunes, pas de doute là-dessus.

Je voudrais, en revanche, vous parler d’une intoxication qui me semble largement plus insidieuse, durable, délétère. Une qui pourrait être évitée, ou du moins limitée si l’on se concertait tous.

Appelons cela « pollution mentale de la fin du monde ».

Article coup de gueule, je vous préviens…

Ados déprimés : faire le point


Ils n’ont rien demandé

Nos ados sont nés dans une période de remise en question de l’humanité. Ils héritent d’une charge émotionnelle très lourde à porter et construite principalement sur nos peurs.

Mais ils n’ont rien demandé, certainement pas que l’on décharge nos boulets sur eux !

De partout dans les médias : "on va dans le mur".

De partout dans les familles, chez les personnes âgées en particulier (qui, je pense, ont besoin de justifier leur propre fin de cycle imminente) : "on va dans le mur".

STOP !

Je vois une génération d'adolescents déprimés, de jeunes adultes qui rentrent dans la vie active avec désarroi, sarcasme, dégoût parfois. 

STOP !

On a créé cela, en grande partie, nous les quasi-vieux. Nous, dans nos peurs, notre impuissance. On leur a dit, parfois directement, parfois indirectement : "on a merdé, maintenant, à vous de nettoyer".

Est-ce juste pour eux ?


On se voile la face ?

On m’a dit cela. « Juste ou pas juste, à quoi ça sert de te voiler la face, on va dans le mur, autant qu’ils le sachent pour mieux se préparer ! »

Mais on va dans le mur quand ? Comment ? Qui le sait ? Vous le savez, vous ?

N’y a-t-il pas une manière d’exposer à la fois le challenge et les espoirs ? N’a-t-on pas besoin de voir le bout du tunnel pour se retrousser les manches et bosser avec motivation et vigueur ?

Et si le bout du tunnel n’existait pas, me direz-vous ?

Et alors, et s’il n’existait pas ? On ne le sait pas. Dans le doute, autant partir avec l’espoir, c’est lui qui graisse les rouages de nos familles, tribus, villages, villes et sociétés.

La peur crée l’immobilisme. Elle nous fait nous recroqueviller sur nous-même. On veut se creuser un trou, y planquer quelques provisions, et partir en hibernation. Je le sais, j’ai souvent envie de partir m’isoler dans une cabane en forêt, loin de tout.

Et j’y ferai quoi là-bas, dans la forêt ? Je participerai comment à la solution ?


Cela commence en famille

Je ne changerai pas les médias. Je n’ai pas de super-pouvoirs, ni les finances de certains magnats de la presse.

Mais je peux leur couper le jus. Débrancher. Cela fait un bail qu’on ne regarde plus « les infos » à la maison.

Il y a quelques jours, par curiosité, j’ai regardé le journal de 20h. Une brochette de mauvaises nouvelles pour nous coller la peur aux tripes, voilà ce que j’y ai vu. Cela fait vendre de la pub, vous comprenez, ça attise notre curiosité morbide.

Etape numéro 1 : je coupe les désinformations. Chez les pré-ados, pas de télé. Pas de radio branchée sur les nouvelles dans la voiture. Ils ont assez de vidéos à regarder sur leurs appareils portables (sur lesquels il faut garder un œil en fonction de l’âge). Les réseaux sociaux, ça, c'est encore une autre histoire.

Etape numéro 2 : j’intercepte régulièrement certaines informations qui circulent pour les remanier à ma manière, dans le simple but de donner un peu d’espoir. Et s’il y avait des solutions ? Oui il faudra drastiquement changer nos modes de vies. Mais si c’était possible ?


Une discussion ouverte

L’étape numéro 2 n’est pas simple. Car je ne veux mentir ni à moi, ni aux autres. Je n’ai pas la solution. Je veux juste leur montrer que j’ai l’envie de participer.

On va donc discuter autour de certaines questions ouvertes. Comment pourrions-nous résoudre les problèmes d’eau à notre petite échelle ? Effectivement, les douches de 15 minutes tous les matins, on va commencer à les réduire.

Comment pourrions-nous diminuer notre consommation de plastiques ? D’énergies fossiles ?

Oh j’entends d’ici les commentaires sarcastiques : « pfff, tu parles, tes douches… regarde un peu ce que l’agriculture céréalière consomme »… « tu me fais rigoler avec tes 19° en hiver, fais ton calcul pour la consommation de carburants voitures + avions + bâteaux ».

Oui, je le sais. Je tenterai d’influencer cet aspect global par mon vote (j’entends aussi votre sarcasme au sujet du monde politique). Et pour le reste, j’ai besoin de ressentir mes leviers d’action. Me retrousser les manches, faire des choses, des petits pas de fourmis. Mais un pas après l’autre, qui sait…


Un monde de Bisounours ? 

Ça, c’est un autre commentaire que je me suis pris dans la tête. Appelez cela comme vous voulez. L’autruche, le Bisounours, le naïf, je m’en cogne !

On ne peut pas laisser nos gamins dans cet état. On a trop d’années de pollution mentale qui circule sur les ondes, c’est maintenant à nous de réparer ceci en grande partie. Du moins ce qui est réparable.

Parler aux plus jeunes, redonner l’espoir, et au passage se redonner un peu d’espoir à nous aussi.

Démonstration par l’attitude, l’action plus que le blabla.

Je ne sais pas si foncer dans le mur est inéluctable. Personne le sait. Donc tant qu’à faire, je pars sur la supposition que l’espoir existe encore.

Merci de m’avoir lu. Je vous avais dit, c’était un coup de gueule…