Changer de vie : oubliez le temps et l'investissement passé

Cela ne rate jamais. Si vous avez l'intention de changer de vie et de démarrer un projet qui semble un peu farfelu à vos proches, vous aurez affaire à l'un des arguments suivants :

  • Mais tu as déjà investi tout cet argent dans tes études !
  • Après 15 ans dans ce métier, tu vas gâcher toute cette expérience et redémarrer à zéro ?
  • Une baisse de salaire à ton âge avec les enfants qui auront besoin d'argent pour faire leurs études, c'est pas un peu tordu ton histoire ?

Etc. Vous voyez de quoi je parle.

Pour les gens qui se soucient vraiment de nous, il est clair que tout ceci part d'un bon sentiment : un grand désir de stabilité qui, accessoirement, pousse à l'immobilisme.

Pour d'autres, je suspecte que cela soit un peu de jalousie de faire ce dont ils ont toujours rêvé sans jamais en avoir le courage.

Bref, quelle que soit la motivation, ces arguments ne tiennent pas la route. En effet, ils sont basés uniquement sur l'investissement passé.

Pour simplifier à l'extrême, voici ce qui est au cœur du discours : tu as déjà investi tellement (de temps, d'argent) dans ta situation, tu ne peux pas changer de cap maintenant et repartir à zéro.

Ben si.

Changer de vie : intersection

 


La notion de "coût irrécupérable"

Les anglophones appellent cela "sunk cost". En français, le "coût irrécupérable". Ceci concerne toutes vos activités passées et révolues.

Comme le nom l'indique, ce coût, cet investissement que vous avez fait dans votre passé afin de vous amener à votre situation présente est irrécupérable. Disparu. A jamais. Abracadabra, parti, y a plus.

Lorsque l'on doit prendre une décision, on considère donc cet investissement passé comme... inexistant. Ce qui peut paraître complètement fou, mais d'un point de vue économique, c'est la seule manière de prendre une décision valable.

La seule chose qui compte, c'est l'endroit où vous êtes aujourd'hui, et votre possibilité de prendre le chemin A ou le chemin B. Il faut comparer point par point ces deux chemins, et ne pas laisser le chemin derrière vous influencer les choses.

Et que vous preniez le A ou le B, tout cet investissement passé reste de toute manière irrécupérable. Pas la peine de se focaliser dessus.

 


Changer de vie va au-delà du monétaire

Sur le chemin A, vous continuez de courir dans la petite cage du hamster. Cela ne vous satisfait plus mais vous apporte un bon confort monétaire ? Eh bien c'est le chemin A. Il faut être clair sur ce point-là.

Sur le chemin B, vous avez un changement de vie qui va grandement perturber votre situation financière pendant quelques années, avec aucune garantie d'un niveau de confort similaire à celui que vous avez aujourd'hui. Ceci implique probablement un changement de carrière.

En revanche, sur le chemin B, il y a une renaissance, une réinvention de qui vous êtes. De nouveaux défis, de nouvelles valeurs alignées avec qui vous voulez devenir. Lorsque vous pensez à ce changement de vie, vous sentez que ça vibre en vous.

Quel prix mettre là-dessus ? Aucun. Vivre en alignement n'a pas de prix. Je dirais même qu'avec le recul, une fois l'objectif atteint (objectif qui paraît parfois impossible mais qui ne l'est pas avec la bonne motivation), l'envie d'un gros salaire apparaîtra comme complètement futile.

Mais pour revenir à l'argument qui sera dégainé par nos proches, le choix A ou B doit se faire en étant à l'intersection de ces deux chemins, et en regardant devant et pas derrière.

Peu importe si vous avez étudié pendant 8 ans et dépensé des fortunes en cours privés ou en formations à l'étranger. Peu importe si vous êtes ébéniste et que vous avez investi plus de 100 000 € en machines.

Peu importe si vous avez 25 ans d'expérience et que vous êtes considéré comme l'expert mondial en fission nucléaire. Tout ceci est irrécupérable.

Ce qui est devant vous, en revanche, il n'y a que cela qui compte.

Chemin A : rien ne change, confort sans alignement.

Chemin B : changer de vie, alignement sans garantie de confort.

Quel chemin prendrez-vous ?

 

(Comme le dit Emmanuel, "le pas franchi, même s'il y a des galères, même s'il y a des difficultés, c'est toujours énorme" - sa petite histoire ici).