Comment pardonner à quelqu'un qui nous a fait du mal ?

Pardonner à quelqu'un qui nous a fait du mal est probablement l'acte le plus difficile que je connaisse.

Tant que l'on n'a pas pardonné, la colère nous ronge. La colère est toxique. Elle nous consume à petit feu.

J'en sais quelque chose, j'ai été un grand expert des colères dans mon passé. J'en ai connu des noires et des blanches, des vertes et des pas mûres.

J'ai donc, au fil des années, développé un kit de survie, une série de processus mentaux qui me permettent de guérir mes colères. Dans cet article, je vous présente un de ces processus que j'ai intitulé "imaginer l'enfant".

Et si vous vous sentez un tant soit peu intrigué, alors j'ai fait un bon travail de mise en bouche 🙂

(notez bien : je parle ici de petites contrariétés et pas de gros traumatismes)

Pardonner à quelqu'un qui nous a fait du mal : image de l'enfant

 


Pardonner pour son propre bien

Éprouver de la colère envers quelqu'un qui nous a consciemment blessé peut devenir quasi obsessionnel. Si l'épisode est relativement récent, on y pense tout le temps.

On ne va pas se mentir, il y a tout d'abord une petite (grosse ?) envie de vengeance, aussi pacifiste que l'on soit.

Ensuite, il y a la longue série des "j'aurais dû dire" et "j'aurais pu faire". On s'imagine les mille et une manières qu'on aurait pu utiliser pour se défendre, et au passage humilier l'individu un petit coup. Cette phase peut durer plusieurs jours ou semaines.

Puis le temps fait son travail d'érosion et de dissolution. Le sentiment toxique devient peu à peu un vague souvenir... jusqu'au prochain épisode ! Et on n'a rien résolu du tout. Pas bon, on est d'accord.

Non, il faut pardonner. Il faut le faire vite, et il faut le faire bien. C'est une pratique active, un peu comme un sport. Au fil du temps, on y arrive de mieux en mieux. Et on le fait surtout pour soi, afin de maintenir un état de paix intérieure.

 


Pardonner à quelqu'un qui nous a fait du mal : image de l'enfant

On a beaucoup de mal à pardonner à un adulte. On suppose, à tort, que l'adulte est maître de ses paroles et de ses gestes, que s'il nous a fait du mal, c'était voulu, prémédité, fait d'une manière froide avec la précision du chirurgien.

Peu importe le fait que nous sommes souvent une boule de nerfs incontrôlée, régie par de fortes émotions qui nous font dire et faire de nombreuses maladresses. Oui, mais nous, c'est normal, hein ? Les autres, eux, c'est pas pareil. Ils le font exprès.

Dur de sortir de cette image...

Je vous propose donc de changer de point de vue. Vous allez vous imaginer la personne comme l'enfant qu'elle était. Comme vous, elle a été un petit être fragile et vulnérable, curieux et intéressé par les petites choses de la vie.

Comme vous, elle a eu besoin de beaucoup d'amour et d'attention. Imaginez-la en train de jouer, de caresser un chat, d'arroser un pot de fleurs, de faire un câlin à sa maman.

Et si elle vous a fait du mal aujourd'hui, même si ce mal est pour vous impardonnable, c'est peut-être qu'elle a eu mal elle aussi. Arrivez-vous à imaginer ce petit être triste, en train de pleurer, de souffrir intérieurement ?

Ce petit être est devenu grand, et il souffre toujours. Il a agi sur une impulsion, un coup de tête. Il ne sait pas agir autrement. Et ceci vous a fait du mal.

Il est peut-être compliqué de pardonner à un adulte, mais comment peut-on ne pas pardonner à un petit enfant ? S'il avait eu la chance d'avoir un peu plus d'amour, un peu plus d'affection, peut-être serait-il devenu un adulte plus compatissant.

Vous pouvez, dans votre tête, le prendre dans vos bras et tout lui pardonner.

 


L'art de se faire des films ?

Peut-être que tout ceci n'est qu'un grand roman de fiction. Mais peu importe, n'oubliez pas que le but est de vous protéger contre les émotions toxiques.

Mais j'ai aussi envie de dire : et pourquoi pas ? Pourquoi cette petite histoire que je me suis racontée ne serait-elle pas vraie ?

Pourquoi ne pas choisir le bénéfice du doute et se dire que la personne qui m'a fait du mal souffre probablement encore plus que moi ? Que son acte d'agression provient d'une douleur largement plus intense que celle que j'ai décidé de développer par la suite ?

Je vous le dis avec toute la conviction que j'ai en moi : pardonner à quelqu'un qui nous a fait du mal est un acte de survie. C'est un grand acte d'amour de soi.

 

Voir aussi : Pensées obsessionnelles : les 4 questions de Byron Katie