Comment pratiquer la pleine conscience a changé ma vie

Ceci est un témoignage. Non, je ne pense pas exagérer. Pratiquer la pleine conscience a changé ma vie d'une manière profonde.

Je ne sais pas de quels horizons vous arrivez. Personnellement, plus jeune, j'étais convaincu que "tous ces trucs new-age" ne servaient absolument à rien, si ce n'est de faire vendre quelques obscurs manuels ou bâtons d'encens. Comme on dit, ça, c'était avant. J'ai depuis fait un bout de chemin.

Certes, on peut pratiquer la pleine conscience car ça fait bien, c'est tendance et ça permet de décorer la pièce avec de jolies photos du Bouddha.

On peut aussi s'y mettre car à force d'en entendre parler, on commence à comprendre que ces concepts fondamentaux sont très puissants. Les bénéfices sont indéniables, démontrés à la fois par la science et par la pratique.

Et puis surtout car on se sent à bout de souffle, stressé par ce monde qui semble tyrannique, découragé par ses propres limitations, en quête de solutions durables.

C'est comme ça que j'y suis arrivé. Voici les bénéfices que j'en ai tirés. Notez que cet article n'est pas une description de ce qu'est la pleine conscience et de comment la pratiquer (un début de boîte à outils ici).

Pratiquer la pleine conscience

 


Surmonter les dépendances

J'ai toujours eu une tendance addictive. À beaucoup de choses.

Je ne me suis jamais laissé tenter par des substances qui auraient pu me détruire. J'en suis reconnaissant. Et je remercie mes migraines pour m'avoir sauvé de nombreuses soirées bien trop arrosées (les lendemains sont, en effet, mémorables).

En revanche, l'attirance n'est jamais très loin, et je peux vite devenir accro à l'alcool, au chocolat (substance diabolique), au travail, aux séries américaines, et j'en passe. En particulier en périodes de stress.

Pratiquer la pleine conscience m'a permis d'observer et de comprendre la cascade d'idées qui peut me téléguider comme un robot vers, par exemple, le placard à sucreries (j'ai 3 gamins, il y a été nettoyé au max, mais il contient de beaux restes).

La pratique de la pleine conscience permet de ralentir les pensées et de les disséquer. Comme l'explique Stephen Covey, "entre stimulus et réponse, il existe un espace dans lequel nous avons la liberté de choisir."  Cette phrase est très puissante.

Entre l'envie et le passage à l'acte, il existe une opportunité d'agir. Entre la pulsion sucrée et l'insertion de 2 carrés de chocolat dans ma bouche (et 2 autres qui attendent dans ma main et la tablette dans la poche arrière), il y a une microseconde. Mais c'est un espace dans lequel on peut s'installer lorsque l'on pratique la pleine conscience.

Au plus on pratique, au plus on intercepte ces moments d'opportunité. Je parle ici du début de la cascade, le moment inconscient où l'on se dit "j'ai fini ma journée de travail, je suis crevé, qu'est-ce qui pourrait bien me détendre ?"  Et là, on va pouvoir remplacer le logiciel existant qui dit whisky ! Nouveau logiciel : 10 minutes de respiration profonde en plein air.

Edit, Find, Replace.

Sortir de ces automatismes et du mode autopilote a été pour moi une vraie révélation, bien que je sois loin d'avoir pleinement maîtrisé le sujet.

Autre énorme avantage : apprendre à vivre avec l'inconfort de ne pas céder à la tentation. L'accepter. L'observer d'une manière curieuse et intéressée. Et même jouer avec, se dire "qu'est-ce que c'est tordu de se mettre dans de tels états car j'ai envie de [insérer addiction ici]".

Se dire "et si j'attends encore une minute avec cette pulsion et frustration, il va m'arriver quoi ? Je peux en mourrir ?"

Je peux donc attendre encore une minute et rien ne m'arrive.

Et encore une.

Et la pulsion passe.

 


Surmonter ses colères

Ceci est ma deuxième grande faiblesse. Comme expliqué dans d'autres articles, en tant que colérique explosif, il a fallu que je recherche des solutions pérennes. Car la colère est aussi destructrice que les addictions.

Pratiquer la pleine conscience m'a permis de voir à quel moment les choses commencent à partir en vrille dans ma tête et dans mon ventre. Il y a à la fois un tourbillon mental ("comment a-t-il osé me traiter de la sorte", etc) et la boule au ventre (physique). Cela ne marche pas à tous les coups (hélas), mais dans de nombreux cas, j'arrive à intercepter à la fois le tourbillon et la boule.

À ce stade, j'ai quelques microsecondes pour agir avant l'explosion. La mèche a été allumée, le pétard est bien dodu et pas mouillé du tout, et j'ai un ciseau entre les mains pour couper une mèche décidément bien courte.

La pleine conscience m'a armé de ce ciseau.

À ce stade, j'essaie de respirer profondément et de refuser de répondre à l'agression (du moins l'agression perçue) afin de me donner quelques secondes pour retourner au calme. La suite peut être assez aléatoire, mais par rapport à mes réactions du passé, c'est définitivement une amélioration significative.

Là encore, un peu comme pour les addictions, on apprend à vivre avec l'inconfort passager qu'est la colère. On apprend à accepter la boule au ventre, mon "bébé colère" comme le dit si bien Thích Nhất Hạnh.


Pourquoi pratiquer la pleine conscience ?

Car c'est l'une des interventions les plus efficaces pour peu à peu dégager les obstacles sur le chemin du bonheur.

Car cela ne coûte rien.

Car cela ne demande aucun matériel, appareil, application, habit, encens, ashram, chalet perdu dans les montagnes (bien que certains de ces éléments puissent accélérer ou améliorer la pratique).

Car on peut commencer avec 5 minutes tous les jours et augmenter peu à peu, à son rythme.

Seul élément nécessaire : la motivation de s'y mettre et la persévérance de continuer au fil des jours, des semaines, des mois, des années.

Mais il faut démarrer un jour. Encore combien de temps laisserez-vous l'extérieur malmener votre intérieur ?