Journée idéale : la sagesse de Morrie Schwartz
Ce jour là, Mitch demande à Morrie : "Si tu pouvais retrouver ta santé pour 24h, quelle serait ta journée idéale Morrie ?"
Morrie va bientôt mourir. Il souffre de la maladie de Charcot. Et Mitch vient lui rendre visite tous les mardis afin de profiter des derniers jours de son cher professeur d'université. Son mentor, son père spirituel. Vous trouverez une sympathique photo de Morrie et Mitch ici.
Mitch Albom nous fait partager cette histoire émouvante dans le livre La Dernière Leçon.
La journée idéale de Morrie
Morrie n'en a plus que pour quelques jours. Il ne peut plus bouger. Il ne peut plus manger. Bientôt, il ne pourra plus respirer. Que déciderait-il de faire s'il retrouvait tout à coup son corps et sa mobilité ?
Écoutons Morrie...
"Je me lèverais et je ferais mes exercices. Ensuite, je me ferais un merveilleux petit-déjeuner avec des pains aux raisins et du thé. Ensuite, j'irais nager, puis j'inviterais mes amis à la maison pour le déjeuner. On parlerait de leur famille, de leurs problèmes, de combien on s'apprécie mutuellement.
Ensuite on irait marcher, dans un jardin avec des arbres. On regarderait les couleurs, les oiseaux, j'absorberais cette nature que je n'ai pas vue depuis si longtemps.
Dans la soirée, on irait tous au restaurant, on mangerait de bonnes pâtes et du canard - j'adore le canard. Ensuite, on danserait pour le reste de la nuit. Je danserais avec toutes les partenaires possibles, jusqu'à ce que je sois épuisé. Ensuite, j'irais à la maison pour dormir profondément"
Mitch répond : "c'est tout ?"
"Oui, c'est tout."
Mitch s'attend à tellement plus ! Lui, il partirait en Italie, il essaierait d'obtenir un repas avec le président, il essaierait de faire des choses hors du commun, il irait dans des destinations exotiques.
Le bonheur est devant nous
La leçon de Morrie est d'une grande simplicité.
Le bonheur n'est pas enterré sous une plage en Thaïlande. Le bonheur n'arrive pas lorsque l'on fait connaissance avec une célébrité.
Il n'est pas caché dans la boîte à gant de la dernière BMW. Je peux me tromper, mais on n'a jamais trouvé ne serait-ce qu'un milligramme de bonheur dans la poche d'un costume de chez Giorgio Armani. Ni sous une montre Patek Philippe.
Morrie n'a qu'une envie, c'est de reprendre contact avec ces choses simples qu'il aimait tant. Regarder les feuilles des arbres tourner au rouge en automne. Apprécier un bon repas. Danser comme s'il était seul dans la pièce.
Mais surtout, surtout, partager, échanger avec les personnes qui comptent le plus pour lui.
Mais, me direz-vous, il a fait ça toute sa vie non ? Pourquoi voudrait-il rempiler pour encore 24 h ?
Car c'est ce qu'il aime tout simplement. Pourquoi rêver de quelque chose qu'il n'a pas ? Pourquoi un bonheur inatteignable alors que tout se trouve sur le pas de sa porte ?
Comment vivre une journée idéale
Cet épisode du livre nous ramène à un concept très simple : apprécier ce que l'on a et donner au bonheur un sens actif et non passif. Je n'attends pas de la vie qu'elle m'apporte le bonheur. Je décide d'être heureux avec ce que j'ai.
Facile à dire, difficile à mettre en pratique. En particulier pour moi qui ai toujours vécu à 100 km/h dans ma tête, en me fixant toujours plus d'objectifs. Mais pour aller où ? Pour accumuler quoi ? Pourquoi repousser sans cesse ce rendez-vous avec la journée idéale, ce rencard avec le bonheur ?
Ma journée idéale n'est-elle pas tout simplement ma journée typique ?
Révélation : si, elle peut l'être, si je le décide.
Me lever. Ouvrir les volets et apprécier le chant des oiseaux, même si j'entends le bruit de la nationale juste derrière. Un petit-déjeuner avant que les enfants ne partent à l'école. Descendre au jardin, arroser mes plantes, regarder comment elles évoluent. Travailler sur des projets que j'aime. Faire une pause, sortir apprécier quelques rayons de soleil. Un bon dîner le soir, faire quelques blagues certes un peu grasses (dixit mon fils cadet). Un bon livre avec un carré de chocolat noir.
Les jours où j'arrive à me dire que ceci est la journée idéale, alors je suis arrivé à destination.
Merci Morrie pour cette belle leçon de vie. Merci Mitch pour l'avoir capturée avec tant de poésie.
La Dernière Leçon : un livre à lire.
(voir aussi mon article Face à la mort : tomber amoureux de la vie, dans lequel je parle aussi de Morrie).