Ne pas avoir confiance en soi : un état à combattre ?

Ne pas avoir confiance en soi semble être une tare dont il faut se débarrasser à tout prix. Du moins, c'est ce que j'ai pensé pendant très longtemps.

Et puis, ces dernières années, ma position a changé. C'est une discussion récente avec une amie qui m'a permis de verbaliser ce changement et de comprendre quelque chose de très simple, de fondamental. J'avais, sans m'en rendre compte, développé une nouvelle relation envers mon manque de confiance.

Une relation définitivement plus saine, plus vivable. Du moins j'en ai l'impression.

La discussion a démarré avec une question très simple que mon amie m'a posée : "comment fais-tu pour pratiquer ton métier en ayant confiance en tes capacités ?"

Ne pas avoir confiance en soi : le grand plongeon

 

Petit retour en arrière

Déjà, je me dois de vous situer le contexte. Je n'ai jamais eu une grande confiance en moi. Plus jeune, j'étais très timide et réservé. Certains de mes amis étaient sûrs d'eux et ils se lançaient dans diverses activités ou relations sans jamais questionner leurs capacités.

Moi, c'était très différent. Le doute me poussait plutôt vers l'inaction. Du moins pour certaines choses (les relations sociales en particulier, et avec les filles n'en parlons pas). Il a fallu, au fil des années, que je débloque quelques nœuds de ce point de vue là.

Mon réflexe, face à cette situation, a été de travailler plus pour me préparer plus. Ou du moins pour me sentir mieux préparé que les autres et regagner une certaine confiance. Si elle ne ventait pas d'une manière naturelle, j'allais la créer de toutes pièces à grands coups de cravache.

Évidemment, avec une attitude pareille, on a vite fait de s'épuiser à la tâche.

 

Un monde TDAH

Et puis dans un monde où une quantité infinie d'information est accessible en quelques microsecondes grâce à un clic, qui peut aujourd'hui se sentir prêt ? Pour chaque métier, pour chaque activité, il existe une telle somme d'informations à ingurgiter qu'il faudrait plusieurs vies pour le faire.

Oui, nous pourrions argumenter sur le fait que ces informations sont souvent superficielles, et que l'internet pousse à des raisonnements rapides, en surface, et au multitâche. On devient TDAH(*), nous aussi, les adultes.

Bref, l'environnement actuel fait en sorte qu'il est très classique de ne pas avoir confiance en soi, car :

➜ Les réseaux sociaux vont nous montrer le top 1% des gens qui évoluent dans les domaines qui nous intéressent (les plus beaux, les plus forts, les plus riches) - on se sent donc inadéquat ;

➜ Internet nous donne accès à un puits d'information sans fond pour chaque sujet qui nous intéresse - comment peut-on avoir l'impression de connaître et maîtriser le sujet ?

 

Ne pas avoir confiance en soi : étude de cas

Revenons à la question posée par mon amie. Elle concerne nos activités respectives dans le monde des plantes médicinales et de l'herboristerie (mon "autre activité", la principale, lorsque je n'écris pas sur ce blog). Elle et moi somme praticiens et accompagnons certaines personnes sur le chemin vers le mieux-être.

J'accompagne des personnes (spécifiquement en herboristerie) depuis maintenant plus de 15 ans. Mon amie me demandait donc comment je faisais pour pratiquer en confiance et ne pas douter de mes capacités. Et c'est là où la situation m'a frappé.

En fait, j'ai toujours mes doutes. Ils sont là, entiers, intacts, inchangés. Je questionne toujours ma capacité à apporter des informations utiles et pratiques à la personne avec qui je travaille. Je me dis toujours "suis-je à la hauteur ?"

Mais la différence, c'est que maintenant, je suis complètement à l'aise dans cette position. Je suis capable de totalement me relaxer dans cette position. C'est bien évidemment l'expérience qui me permet de le faire. Car j'ai eu de nombreux succès. Je sais que je peux apporter une aide significative.

Et soyons clairs, j'ai eu aussi mes échecs. Il en faut, régulièrement, pour pouvoir garder une certaine humilité. Donc tout n'est pas rose, il y a toujours des obstacles sur la route qui me font remettre en question.

Mais dans l'ensemble, je suis tout à fait à l'aise avec le fait que je suis faillible. Car je suis humain. Peut-être vais-je aider, peut-être pas. Ce que je sais, c'est que je vais y mettre mon 100%. Et que je ne pourrai pas faire mieux avec mes compétences du jour.

 

Adopter un nouveau regard sur notre imperfection

J'en suis donc venu à cette conclusion. Ne pas avoir confiance en soi : est-ce vraiment un problème ? Quelque part, n'est-ce pas une attitude saine, plutôt que de vouloir adopter le statut de l'expert sur son piédestal qui ne tolère aucun questionnement, aucune remise en question ?

Bien sûr, il ne faut pas que cela soit maladif. Il ne faut pas que ceci nous paralyse.

Et pour éviter toute paralysie, ce qui a fonctionné pour moi, c'est tout simplement de me dire que tout ceci est OK. Que je vais me prendre des râteaux. Que je ne connais pas tout dans mon métier, ou dans mon activité sportive, ou dans ma pratique d'un instrument de musique.

En fait, j'ai baissé la barre. Car celle que je m'étais fixée était non seulement inatteignable, mais elle était aussi responsable des nombreux burnouts que j'ai vécus. Elle a probablement fait de moi un être un peu trop froid, un peu trop motivé à aller de l'avant et à obtenir un succès après l'autre.

Aujourd'hui, je ne serai probablement pas le premier, le plus fort, le plus connu, celui qui réussit le plus, le mieux dans mon domaine. Et ça me va tellement bien.

Alors je vous repose la question...

Ne pas avoir confiance en soi, est-ce vraiment un problème, ou plutôt un avantage lorsqu'on sait l'accepter ?

 

(*) TDAH : Trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité