La nostalgie du passé peut transformer le présent

Je l'avoue, je me laisse souvent glisser vers une certaine nostalgie du passé.

Je me souviens d'une enfance heureuse. D'une vie bercée par les week-ends passés dans un petit village de Haute-Provence. Des sorties pour ramasser les champignons, les châtaignes ou les fleurs de tilleul pour faire les tisanes.

Mais plutôt que de me laisser sombrer vers un état de déprime, j'ai décidé de donner à ma nostalgie une nouvelle signification. D'en faire un vecteur de transformation du présent.

Voici le plan que je vous propose. Il fonctionne pour moi, mais il nécessite une certaine vigilance : dès que vous êtes en proie à la nostalgie du passé, il faut avoir le réflexe de déclencher ce petit plan d'attaque.

Je vous explique ?

Nostalgie du passé

 


Arrête, tu radotes !

Dixit mes gamins lorsque je commence à évoquer le passé. Et je pense qu'ils utilisent un langage largement plus cru, mais je ne me souviens plus des termes exacts 🙂

Je ne vais pas vous mentir, il m'arrive de partir dans les tirades "c'était mieux avant". Ce qui n'est constructif pour personne.

Et en toute franchise, on se fait des gros films dans notre tête. Non, ce n'était pas mieux avant. C'était différent. Il faut savoir que chaque génération, à son tour, a clamé ce type de chose.

Ce qui se cache vraiment derrière tout ça, c'est notre incapacité à nous adapter à une nouvelle réalité. On pense que la technologie nous bouffe, que l'on détruit la planète. OK, il y a du vrai dans tout ça.

Mais la nouvelle génération, elle, vit dans cette réalité. Pourquoi irions-nous lui pourrir la situation ? Lui parler d'un monde soi-disant idyllique qui n'existe que dans notre tête et qu'ils n'ont même pas connu ?

Personne n'y gagne. On se déconnecte du moment présent dans lequel nous vivons. On abandonne notre opportunité d'agir aujourd'hui pour changer les choses.

(voir aussi mon article Non tout n'était pas mieux avant)

 


Réalisation : le passé fait partie de nous

La nostalgie du passé vient en grande partie de la croyance suivante : cette période qui nous tient tant à cœur a disparu pour toujours. Nous ne la reverrons plus, nous ne la revivrons plus.

C'est une manière de voir. Mais ce n'est pas la bonne.

La bonne manière, je pense, est la suivante : cette période existe à l'intérieur de nous. Elle a participé à bâtir qui nous sommes aujourd'hui. Elle est vivante dans notre cœur.

Aujourd'hui, je représente le petit village de Haute-Provence qui a bercé mon enfance. Je représente mon grand-père qui m'a fait découvrir les champignons et les châtaignes. Je représente ma grand-mère qui m'a écouté dans le calme de sa cuisine lorsque j'étais adolescent et que je n'avais pas envie de voir mes parents.

Je peux faire revivre ces belles valeurs. Je peux voir cette nostalgie non pas comme une force négative, mais plutôt comme une force positive de changement.

 


Nostalgie du passé = vecteur de changement

Je propose donc la chose suivante. Si, comme moi, vous êtes parfois en proie à cette envie de revenir en arrière, posez-vous la question suivante : que regrettez-vous exactement ?

Essayez d'extirper les valeurs importantes qui ont caractérisé ces moments. Il faudra aussi séparer le rationnel de l'irrationnel.

Prenons mon exemple. Voici ce que j’appréciais tout particulièrement :

  • La vie de village - le rythme plus lent de la vie, la proximité d'un petit groupe de gens solidaires (rationnel)
  • Le contact avec la nature - les sorties quasiment tous les jours pour aller ramasser des plantes, du bois, des champignons, des narcisses (rationnel)
  • Un monde plus simple sans les problèmes actuels, un monde qui tenait encore debout alors que le monde actuel se casse la gueule (irrationnel)

Les deux premiers points sont rationnels et importants, des objectifs tout à fait respectables, du moins par rapport à mes valeurs.

Le dernier point est complètement irrationnel, inutile et futile. Certes, il peut devenir lui aussi un vecteur de changement s'il est tourné en positif (on se retrousse les manches et on agit pour changer le monde). Mais souvent, remarquez que ce type d'affirmation ne fait qu'une chose : nous plomber le moral, nous verrouiller dans un certain immobilisme.

Donc ce point-là dégage de la liste. Les deux autres restent.

 


Transfert et mise en place dans le présent

Une fois cette liste faite, il s'agit maintenant de réfléchir à comment mettre en place ces valeurs dans le présent.

En ce qui me concerne, j'ai déménagé d'une grande ville il y a maintenant 10 ans (1,5 million d'habitants) vers une ville de 5000 habitants qui se trouve dans une région riche en villages. Ce n'est pas encore parfait, mais c'est une grande amélioration.

J'ai changé de métier pour me rapprocher de la nature. Je suis encore trop souvent derrière un ordinateur, mais je me soigne. Je passe une partie (parfois petite, parfois plus grande) de ma journée dehors, dans le jardin ou sur les chemins.

Lorsque je suis en proie à la nostalgie du passé, lorsque je glisse tout doucement vers un état de déprime, j'essaie de stopper ce train de pensée et de réaliser qu'il n'y a pas de cassure. Il y a continuité. Ce qui était important pour moi, je l'ai ressuscité. Et je n'ai pas fini, je continuerai à travailler dessus.

Le résultat : on arrive à tourner une énergie du passé en une énergie du présent et du futur. On passe de la déprime à l'espoir. Il n'y a rien de révolu, il y a continuité.

 


Résumé : plan d'action

➜ 1. Lorsque vous êtes en proie à la nostalgie du passé, appuyez sur le bouton pause.

➜ 2. Asseyez-vous au calme et faites une liste des choses, valeurs, moments du passé qui vous manquent. Si ce sont des personnes qui vous manquent, que représentaient-elles comme valeurs ? Laisser libre cours à votre plume, écrivez tout ce qu'il vous passe par la tête.

➜ 3. Maintenant faites le tri. Regardez les thèmes qui reviennent. Éliminez les points qui ne sont pas rationnels, les choses que vous ne pouvez pas changer, le pessimisme type "tout fout le camp".

➜ 4. Réfléchissez à un moyen de transférer ces points importants de votre passé vers votre présent. Vous remarquerez que les points qui ressortent le plus souvent sont... une vie plus simple, plus lente, sans distraction. Croyez-moi, vous pouvez mettre ceci en place dans votre présent.

 

Compliqué de faire ce type de réflexion non ? Cela nous pousse à remettre pas mal de choses à plat. Et parfois de faire un grand ménage dans notre vie.

Mais si le passé vous harcèle et vous donne le blues, c'est que vous n'avez pas réussi à bâtir un présent qui s'aligne avec vos valeurs. Il est peut-être temps d'utiliser cette nostalgie comme force de transformation !

 

PS : autre raison pour ne plus sombrer dans la nostalgie - les grandes marquent le savent et en profitent ! Ne les laissons pas faire 🙂