Remise en question : pourquoi attendre la maladie terminale ?
Fannie, a 36 ans, ne s'était jamais remise en question. Mais voilà, son médecin vient de lui annoncer qu'elle souffre d'un cancer qui n'est pas soignable. Elle pourra vivre encore 5 ans si elle a de la chance, 1 an dans le pire des cas.
Plus que la maladie, ce qui la frappe en pleine face est le constat suivant : "pourquoi ai-je attendu d'avoir une maladie terminale pour réfléchir à mon bonheur ?"
Voyez-vous, Fannie n'est pas malheureuse. Loin de là. Elle a un emploi très bien rémunéré et travaille pour une grande marque de vêtements. Son appartement au centre de Paris en ferait baver plus d'un. Pas le temps d'être en couple, rien de plus que quelques aventures passagères.
Pas malheureuse, mais pas heureuse non plus. Car jusque-là, c'était la course. Course au diplôme, à la promotion, au bel appartement, aux vacances dans les beaux hôtels de la Côte d'Azur, aux fêtes exubérantes du samedi soir. En fait, elle se sent "vide de sens".
Mais elle a l'intention de ne pas gâcher ces dernières années qui lui restent. Comme un citron bien juteux, elle va presser la pulpe du peu de temps qui lui reste jusqu'à la dernière goutte.
Un jour, pendant un week-end à la campagne, elle va faire ses courses dans un petit magasin bio.
Elle voit des vendeurs qui plaisantent et ont l'air de passer du bon temps. A la caisse, on discute sans se presser. Une jeune femme déboule de l'arrière-boutique avec un plateau de cerises et lui demande si elle veut en goûter une. La patronne semble gérer son équipe d'une manière bienveillante.
Et là, elle sait ce qu'elle veut faire. Elle veut travailler ici, dans ce petit magasin perdu au milieu de nulle part. Elle veut partager quelque chose d'authentique, loin de la fourmilière et de la superficialité qu'elle a connu jusqu'à ce jour.
Lorsqu'elle annonce sa décision à sa famille, personne ne comprend. Est-ce un caprice ? Être payée un salaire minimum, tu veux vraiment ça ? Et puis là-bas, tu n'auras plus tes amis ! Personne ne le dit mais tout le monde le pense : le cancer aurait-il atteint le cerveau ? Ne faudrait-il pas consulter avec un neurologue ?
Fannie s'en moque, c'est peut-être la première fois qu'elle prend une décision qui semble complètement alignée avec son coeur. Ça vibre et ça titille, un sentiment qu'elle avait ressenti plus jeune mais qui avait disparu, probablement égaré sous un métro parisien.
Je n'irai pas jusqu'au bout de cette petite histoire car la fin est à la fois belle et triste. Fannie obtiendra un emploi dans ce petit magasin bio. Elle logera dans une petite maison, chez une vieille dame. Elle rencontrera quelqu'un qui cultive la terre.
Tout finira bien. Tout finira beaucoup trop tôt.
Pourquoi attendre un diagnostic de maladie terminale pour faire une grande remise en question ?
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