Résistance au stress : la développer, 3 attitudes à adopter

Développer sa résistance au stress est un peu comme un sport. C'est quelque chose qui se pratique d'une manière active.

Vous me direz, c'est bien beau tout ça. Mais si je dois m'entraîner, quels exercices dois-je faire exactement ? Ou du moins, quel muscle dois-je faire travailler ?

Afin de répondre à cette question, je suis allé dénicher une étude qui date de 1979. Elle n'est peut-être pas d'hier, mais vous allez voir que les conclusions paraissent à la fois logiques et utiles, nous aidant à faire travailler les bons "muscles".

Cette étude nous fournit 3 attitudes à développer afin de mieux résister à cette petite chose appelée stress et qui fait bel et bien partie de notre vie. Il serait futile de chercher une vie sans stress, il faut juste bien le gérer.

Résistance au stress : image du surfeur

 


Attitude 1 : contrôle = meilleure résistance au stress

Dans l'étude, ceux qui se sentent en contrôle de la situation stressante s'en sortent beaucoup mieux et tombent moins malades. Notez qu'ici, tout est une histoire d'interprétation de la situation. En d'autres termes, quelle étiquette vais-je coller sur la situation exactement ?

Exemple. Je perds mon emploi dans un environnement où le chômage est très élevé. Je peux choisir de me dire la chose suivante :

"Pauvre petit moi, c'est pas juste, ça aurait dû être Paul et pas moi car le Paulo, il passe son temps autour de la machine à café et prend ses congés maladie pour regarder Netflix. En plus, vu le marché de l'emploi, je ne vais pas pouvoir retrouver un job rapidement. Et vu mon âge, de toute manière, qui voudra de moi. Etc."

Ou alors...

"C'est clair que ce n'était pas le moment, mais j'ai déjà fait face à un licenciement. Je m'en suis sorti. Si nécessaire, je peux profiter du temps libre pour faire une formation et améliorer mes compétences. Je vais aussi demander conseil à mes collègues qui auront des contacts que je peux utiliser. Etc."

La différence entre ces deux attitudes : énormissime. Dans la première situation, je me sens désemparé, impuissant, englué dans la mélasse. La déprime n'est pas très loin et le système immunitaire tient compagnie au moral, dans les chaussettes.

Dans la 2e situation, je garde une vue positive bien qu'au jour le jour, je vais certainement passer par des yoyos émotionnels. Le coup de blues est tolérable tant que je garde une perspective positive.

Le sentiment de contrôle se repose sur :

  • La capacité à analyser la situation et à envisager des solutions. Ceci doit se faire dans les périodes calmes et reposées. Si vous êtes fatigué ou stressé, ce n'est pas le moment de réfléchir au problème.
  • La capacité à prendre des décisions qui vont permettre de mettre en place les solutions. Prendre des décisions, c'est transformer l'analyse en action.
  • La capacité à faire appel à des personnes ou des ressources pour m'aider dans ce projet.

 


Attitude 2 : l'envie de s'engager

La personne qui arrive à bien gérer une situation stressante à envie de s'engager et d'attraper le taureau par les cornes. Elle a envie d'aller vers le problème afin de le comprendre, de voir de près comment le contourner, l'escalader ou le faire disparaître.

A contraster avec la personne qui n'a pas une bonne résistance au stress. Elle a envie de fuir le problème, de s'éloigner le plus possible. De se barricader, se cacher, tomber dans un certain mutisme. Nous, les hommes, sommes très forts à ce genre de choses :-).

En général, cette envie de s'engager nécessite auparavant d'avoir donné un sens à sa vie. On connaît ses valeurs, ses capacités, on s'est donné un rôle dans la société, et un rôle qui nous plaît. Dans ce contexte, lorsqu'un défi se présente, on est beaucoup mieux armé pour agir avec confiance.

 


Attitude 3 : évènement stressant = défi

Ceci est la troisième caractéristique des personnes qui arrivent à rester en bonne santé face au stress. La capacité d'aborder l'évènement d'une manière curieuse et intéressée. Ce n'est pas un désastre mais c'est un challenge qui va me permettre d'apprendre et de progresser.

Oui, vous allez me dire, c'est la théorie. Imaginez que l'on parle d'une maladie terminale. Il est où, hein, le défi ? On apprend quoi ?

Eh bien détrompez-vous. Je travaille dans le domaine de la santé depuis plus de 10 ans et j'ai pu interagir avec des personnes formidables qui sont arrivées à voir ce type de maladie comme opportunité de renouer contact avec des proches, de revenir à des valeurs plus saines, de se recentrer sur eux-mêmes plutôt que sur les autres. En quelques mois, ces personnes se sont réinventées. Respect.

Et puis l'alternative, c'est quoi ? Se refermer comme une huître et attendre que le couperet tombe ? Plonger dans une déprime sans fond qui caractérisera peut-être nos derniers instants sur terre ? Partir en faisant la gueule plutôt qu'en souriant, même dans la souffrance ?

On a du mal à s'imaginer ce genre de situations tant qu'on ne les vit pas, mais je vous assure que cela existe et que c'est à la portée de tous.

La personne qui voit les moments difficiles comme des défis construit une incroyable résistance au stress. Elle arrive à déployer de nombreuses compétences et ressources, à rester flexible, motivé, avec une bonne endurance.

 


Résistance au stress : conclusion

Nous avons donc vu 3 caractéristiques essentielles pour développer une bonne résistance au stress. En pratique, comment développer ces compétences ?

Contrôle : ceci est très subjectif comme expliqué précédemment. Vous pouvez décider que vous avez le contrôle sur une situation. Même dans les moments où vous pensez que vous êtes face à un mur, il y a toujours des choses à faire, des personnes à consulter.

L'expérience pèse lourd ici, dans le sens où au plus vous aurez fait face à un évènement stressant avec contrôle et créativité, au plus vous serez confiant.

Engagement : c'est un point qui m'a donné beaucoup de mal lorsque j'étais plus jeûne. Lorsqu'un coup dur m'arrivait, mon premier réflexe était de me refermer, de ne pas en parler, d'ignorer l'anxiété, de me réfugier dans certaines activités non constructives (pour ne pas dire destructives).

Avec les années, j'ai appris à me motiver pour repartir de l'avant car cela n'était pas un comportement inné. J'ai aussi appris à découvrir mes compétences, mes points forts, mes valeurs et objectifs. Je me suis donné un rôle, une mission. Ceci débloque l'énergie nécessaire pour s'engager avec confiance.

Bien sûr, ceci ne s'est pas fait du jour au lendemain. C'est dur. Parfois on est découragé. Mais avec persistance, on arrive à se faire un chemin. Au plus on fait ce genre de réflexion, au plus on découvre qui on est vraiment, et au plus on a envie de s'engager dans la vie.

Défi : afin de voir un coup dur comme un défi, ce qui m'a le plus aidé, c'est d'aborder le problème avec beaucoup de curiosité. L'observer à la loupe tout en essayant de rester à l'extérieur du problème sans se faire aspirer. Je ne sais pas si vous arrivez à voir de quoi je parle.

C'est l'attitude que vous adopteriez si vous deviez aider un ami qui traverse ce même problème. Vous essayez de l'aider à trouver une solution, vous lui faites des propositions, vous le rassurez, mais ce n'est pas votre problème, vous arrivez à le survoler dans vous faire gober. Pourquoi ne pas faire la même chose mais avec vous ?

Cela peut paraître un peu tordu mais là encore, on y arrive avec de la pratique. La méditation aide beaucoup pour ce genre de choses.

 

* l'étude mentionnée plus haut est ici :

Kobasa, S. C. (1979). Stressful life events, personality, and health: An inquiry into hardiness. Journal of Personality and Social Psychology, 37(1), 1–11.