Rythme de travail : êtes-vous plutôt vache ou lion ?
Quel est le bon rythme de travail ? En tant que travailleur indépendant installé chez lui, je me suis longtemps posé cette question.
Le bon rythme devait nécessairement me permettre d'être productif sans me cramer, tout en gardant un haut niveau d'excitation pour ce que je fais.
Compliqué de trouver ce bon équilibre, je ne vous le cache pas.
Voyez-vous, pendant des années, je me suis dit qu'il fallait que je lisse mes journées. Que je trouve le nombre d'heures de travail journalier qui me permette de tenir dans la durée : pas trop, pas trop peu et toujours le même. Une certaine constance quoi.
Puis j'ai compris que je n'avais rien compris. Je ne fonctionne pas comme cela, du tout. Et je pense que de nombreuses personnes carburent comme moi. Ça fait un bout de temps que je voulais vous expliquer tout ceci.
Coup de chance, aujourd'hui, je suis tombé sur une citation qui illustre parfaitement le concept et qui me permet de démarrer la discussion.
Rythme de travail de la vache et du lion
La citation provient de Naval Ravikant, investisseur et entrepreneur américain. En toute franchise, je ne côtoie pas spécialement ce monde d'influenceurs en finance et entrepreneuriat aujourd'hui. Mais bon, je suis tombé dessus, donc prenons ceci comme un signe.
Ravikant nous dit que ceux qui travaillent dans le monde des idées et de l'information (en d'autres termes, on ne parle pas de l'artisan boulanger ou du maçon ici), il faut agir comme le lion et pas comme la vache (*).
La vache représente le rythme imposé par la révolution industrielle : de longues heures passées à faire la même chose à la même intensité. C'est un rythme de broutage du matin au soir. Le ruminant se nourrit de cette manière.
Le lion, lui, représente l'intensité. On sprinte, on se repose, et on recommence.
Rythme de travail en yoyo
Si je devais vous résumer mon rythme de travail de ces dernières années, je le décrirais comme ceci :
Nouvelle idée ➜ Excitation ➜ Hyperactivité ➜ Cramage ➜ Repos forcé ➜ Nouvelle idée
(répéter ad nauseam)
Je n'ai jamais pu me maîtriser. Je pars après une idée comme un gamin court après son ballon. Sauf que pour gagner sa vie, ça ressemble plutôt à un Iron Man qu'à une partie de foot dans la cour de l'école.
J'arrive toujours à la complétion du projet, qu'il soit viable ou un échec cuisant (en d'autres termes, j'abandonne très rarement avant conclusion). Mais au prix de mon capital vital. Je me brûle par les deux bouts.
S'ensuit une période de burnout et quelques mois nécessaires pour récupérer. Et au plus je prends de l'âge, au plus la période de récup est longue.
À un moment, je me suis donc dit STOP ! Je dois ranger le yoyo dans son tiroir. Faut stabiliser ces pics et vallées d'activité. Le Graal : une journée fixe de X heures Y jours par semaine, me limiter volontairement afin de pouvoir tenir dans la durée, l'équation parfaite.
Résultat : boring. Je m'ennuie à mourir !
Non, décidément, ce que j'aime, c'est l'intensité et l'excitation d'un projet.
Donc, que faire ?
Planifier la période de repos
Si vous êtes travailleur indépendant et que vos revenus vous le permettent, intégrez dès le départ une période de repos après la fin du projet. Quelques semaines d'un rythme de travail plus léger, peut-être à faire des tâches un peu plus administratives.
Mais surtout, ne pas se replonger dans le projet suivant ! Attention, la tentation sera grande. J'en sais quelque chose. Se replonger trop vite est la meilleure manière de s'épuiser. Je l'ai fait pendant 15 ans et j'ai l'impression que cela m'a usé, que j'ai perdu en résilience et qu'aujourd'hui, j'ai plus de mal à pleinement récupérer. Si vous le pouvez, ne faites pas la même erreur.
Si vous travaillez pour un supérieur hiérarchique, il est peut-être possible de négocier une période de transition pendant laquelle vous pouvez vous affairer à d'autres tâches un peu moins intenses afin de recharger vos batteries.
Une productivité au max
Si votre activité est dans un secteur qui vous passionne et qui ne vous fournit pas, intrinsèquement, de rythme naturel, vous serez amené à réfléchir à ce point important.
Savoir sprinter et recharger ses batteries permet une productivité et motivation maximale. Du moins c'est ma conclusion après avoir expérimenté avec plusieurs modèles. C'est donc le lion qui l'emporte.
J'aime bien les vaches, hein, mais leur rythme diésel n'est pas pour moi.
Le piège, là encore, sera d'enchaîner les projets de manière trop rapprochée sans période de récup. Contrairement à ce que j'ai longtemps pensé, le problème n'est pas la phase "trop vite, trop fort". C'est l'incapacité à laisser refroidir le moteur par la suite.
Donc ne vous tirez pas une balle dans le pied. Intégrez la récup dans le planning. Sinon, vous ne tiendrez pas dans la durée.
Notez que souvent, chez le passionné, une procrastination est signe de burnout - vous n'arrivez plus à redémarrer après une période trop excessive. Il faut en comprendre la cause profonde.
Recherchez un équilibre, oui, mais qui vous convient, dans le tumulte. N'essayez, comme moi, de devenir vache si vous êtes plutôt lion. Et vice-versa. Le naturel reviendra s'imposer de force. Il faudra alors apprendre à l'apprivoiser sans le chasser ni le dénaturer.
(*) Une partie de cette discussion est capturée ici, le reste dispersé à différents endroits sur les réseaux sociaux.