Se fier à son intuition : guide pour l'être logique et ultra-rationnel
Demander à une personne ultra-rationnelle de se fier à son intuition, c'est un peu lui demander de sauter dans le vide sans parachute.
Je sais de quoi je parle. J'ai passé une partie de ma vie à ne croire que ce que je vois. Je viens d'un monde dans lequel le seul outil de décision reconnu, c'est la tête. Le seul modèle valide, c'est celui basé sur les lois de la physique, la science, le A + B = C.
Si je laisse tomber une grosse pierre sur mon pare-brise, il se casse. Il n'y a pas d'autre issue possible. Si je dois prendre une décision dans ma vie, je fais la liste du pour, la liste du contre, j'essaie de mettre des poids sur chaque critère, puis je décide. Simple comme le théorème de Pythagore. Il n'y a pas de meilleur modèle possible.
Et pourtant, quand je me fie uniquement à cette logique, tout au fond de moi existe une petite vibration très inconfortable. Elle me dit que je grimpe peut-être au bon arbre, mais je ne suis pas dans la bonne forêt.
Vous avez déjà ressenti ce tiraillement lorsque vous devez prendre une décision ? Logique vs. cette peste de petite vibration ? Tant mieux, on parle de ça dans cet article. Faut-il se fier à son intuition pour les grandes décisions de la vie ?
Petit cerveau, univers complexe
La capacité de notre cerveau à comprendre l'univers est extrêmement limitée. Je ne sais plus qui a dit la chose suivante (ou quelque chose qui y ressemble) : l'être humain est assez intelligent pour comprendre qu'il n'est pas assez intelligent pour tout comprendre.
Il existe une partie de l'univers qui nous est complètement invisible et inconnue, et totalement incompréhensible. Des lois n'ont pas encore été créées pour expliquer cette zone mystérieuse.
Et pourtant, nous vivons comme si tout était visible et explicable. Comme si la logique cartésienne était le seul outil de prise de décision.
Nous étouffons la petite vibration, ce sentiment dans nos tripes qui veut parfois nous entraîner dans des directions inconnues. La tête, dominante et conservatrice, dégaine le NON à la vitesse de l'éclair. Elle nie l'existence de la petite vibration qu'est l'intuition. Car la vibration n'est pas logique. Les lois de la physique ne peuvent pas l'expliquer aujourd'hui.
Et s'il se passait des choses d'un point de vue énergétique ou vibratoire ? Des choses que l'on ne voit pas, que l'on ne comprend pas aujourd'hui et qui expliqueraient cette petite vibration ? Et si nous étions attirés par une force qui veut notre bien mais que nous ne voyons pas ?
Car elle existe, cette vibration. Il est inutile d'ignorer sa présence. Vous pouvez baisser le son, mais pas enlever les piles.
Se fier à son intuition : une évolution
Voici comment l'ex-ingénieur, amoureux des sciences (moi) a évolué au cours des années.
(1) Ignorance totale
Intuition ? Quelle intuition ? Une telle entité n'est pas définissable, elle n'existe donc pas. C'est un gaz passager dans mon système digestif tout au plus.
(2) Accepter tout en essayant de justifier
OK, je la sens me titiller parfois et elle me donne des signaux intéressants. Il faudrait que j'arrive à l'expliquer d'une manière ou d'une autre, il doit y avoir une logique à ce truc (voir paragraphe précédent - hypothèse énergétique, vibratoire, etc.)
(3) Accepter inconditionnellement
Elle fait partie de moi, c'est une petite boussole. Je n'arriverai jamais à l'expliquer, et c'est tant mieux ! Le tout, c'est qu'elle me donne le "vrai nord".
Comment ai-je évolué de (1) à (3) ? J'ai vécu, tout simplement. J'ai vu ce qu'il se passait lorsqu'on ignore complètement son intuition au profit de la dictature du grand cerveau tout puissant. On devient un bon petit élève du système. On se laisse formater par la société. Mais on ne pilote rien. On se conforme tout au plus.
Car si ma petite boussole me dit que mon nord est à ma droite, vers la petite colline, et que mes parents, mon voisin, mon comptable et mon patron me disent qu'en fait non, c'est à ma gauche, je vais faire un sacré détour avant de me retrouver sur ma petite colline. Si j'y arrive un jour !
Se fier à son intuition, laisser parler le cœur
On voit bien comment la tête peut nous parler. Tous les centres décisionnels, les centres dédiés à la parole, se trouvent dans le cerveau.
Mais que l'on dise "laisser parler le cœur", c'est intéressant non ? Car l'organe, lui, ne parle pas. C'est un métronome, il donne le rythme. Il distribue le sang. C'est donc un cœur figuré bien évidemment. On parle d'instinct, d'intuition, de signal qui vient d'un endroit indéfini et qui a l'air de s'exprimer quelque part dans les tripes.
On parle de quelque chose qui dépasse notre entendement, qui est assez animal, et qui devrait avoir une place à la grande table des prises de décision. A ma droite, le cerveau. A ma gauche, le cœur (ou l'instinct, ou l'intuition). Au milieu, moi, confus, frustré.
Putain, pouvez pas vous mettre d'accord ?
Ainsi démarre une grande négociation. Mais pour qu'il y ait négociation, il faut que les deux partenaires puissent s'exprimer. Il faut faire confiance à son intuition. Il faut lui donner une voix. Ce qui ne signifie pas qu'au final, elle sera seule à prendre la décision. Il ne faut pas que la dictature de l'un soit remplacée par la dictature de l'autre.
Mais elle a le droit de s'exprimer, chose qui arrive rarement aujourd'hui. On aurait presque honte d'en parler (enfin, dans certains cercles).
Une grande négociation
OK, donc nous sommes à la grande table. La tête dit droite, l'intuition dit gauche. A priori, nous avons un grand désaccord. Situation classique. Que faire ? Se fier à son intuition d'une manière aveugle ?
Non, ceci ne fonctionne pas. D'abord, il faut comprendre que la tête veut partir à droite parce qu'elle a peur, voyez-vous. Peur de tellement de choses. Peur du manque.
L'intuition a toujours l'air un peu fofolle avec ses idées saugrenues. Non, on ne change pas de profession à 40 balais. Non, on ne part pas randonner pendant 2 mois avec simplement son sac à dos alors qu'on n'a pas encore retrouvé un emploi stable.
L'intuition exhibe comme toujours cette exubérance pénible qui épuise la tête. Ça y est, la voilà encore partie dans ses feux d'artifice...
Vous, assis au milieu, allez devoir réconcilier les deux. Vous allez devoir écouter l'intuition et mettre ses idées à plat, vous allez devoir rassurer la tête et lui montrer que ce que propose l'intuition n'est pas si risqué que ça, et voir si vous arrivez à trouver un compromis.
La tête continuera de marteler : et si le pire arrivait ? A vous de l'écouter et de lui dire : effectivement, et si le pire arrivait ? (voir article ici). Au final, le pire apparaîtra comme quelque chose qui n'est pas si terrible, et vous comprendrez que la tête a peut-être été un peu trop pessimiste.
Étude de cas : changement de carrière
Il fut un temps ou j'avais un bon travail, un grand bureau, une chouette équipe, une belle maison dans un bon quartier. Sauf que le cœur avait mis la clé sous la porte. Il était parti en randonnée avec son sac à dos pour ramasser de belles herbes aromatiques et médicinales.
Ça, c'était ma nouvelle passion. Et mon intuition me disait qu'il fallait que je plaque le confort afin de changer de métier. La voix de l'intuition était claire et forte, elle savait que ceci était bon pour moi.
Mais la tête a toujours été la grande dictatrice dans ma vie. Elle a donc eu vite fait de reprendre les commandes. Laisser tout ce confort de côté ? T'es malade ? Tiens, prend un Xanax, ça te calmera.
Au fil des années, il a fallu que j'entreprenne de grandes négociations entre ces deux-là. Et vous voyez, le point clé ici, c'est que j'ai accepté de faire confiance à mon intuition. L'appel était tellement fort que je n'ai pas pu l'ignorer. J'espère que vous ferez de même si vous vous sentez irrésistiblement attiré par un projet qui peut paraître risqué.
J'ai procédé par étapes. Parfois, le cœur a fait des concessions à la tête (je repars faire un peu de conseil pour générer un peu d'argent). Parfois, la tête a fait des concessions au cœur (il va me falloir encore un an pour lancer le projet sans rentrées d'argent).
Mais les deux ont pu s'exprimer, et au fil des années, j'ai réussi à les réconcilier. On peut à la fois se fier à son intuition et à sa tête.
Et si l'intuition savait mieux ?
J'en arrive à une période, aujourd'hui, où je sens que l'intuition sait mieux que la tête. En d'autres termes, je suis prêt à lui donner un vote majoritaire autour de la table. Et ça, je peux vous dire que ce n'est pas petite chose de la part d'un gars comme moi.
Et si je peux faire confiance à cette petite boussole, vous pourrez le faire vous aussi, avec le temps. Oh ça ne viendra pas du jour au lendemain. Mais soyez ouvert et cela viendra.
Ce site là où vous vous trouvez actuellement, par exemple, a démarré purement sur un coup de cœur et une forte intuition qu'il fallait que j'écrive sur la quête du bonheur et toutes les frustrations qui vont avec. Et je peux vous dire que j'avais bien d'autres choses à faire qui s'alignaient beaucoup mieux avec mon autre "projet du cœur".
La tête m'a donc dit : prends donc un Lexomil, va faire un peu de vélo, et on en reparle... dans une douzaine d'années.
Mais cette fois, j'avais la force des années. C'est moi qui ai dit à la tête d'aller faire un tour pendant que je remerciais mon amie l'intuition. Ainsi est né ce projet. Je ne sais pas où il me mènera. Mais je sais qu'il me portera vers de nouvelles contrées. Et au minimum, il me fera beaucoup de bien.
La petite boussole est ainsi faite. Pour les grands projets, en général, elle ne ment pas. Saurez-vous la suivre ?
(Et pour le contrepoint à mon argument sur se fier à son intuition - bien que nous ne parlions pas exactement de la même chose - voir la courte vidéo ici)