Vaincre ses peurs et ses angoisses : "et si ça arrive" ?

Tout changement passe par une étape cruciale : se sortir de sa zone de confort. C'est comme ça qu'on progresse.

Et afin de se sortir de la fameuse zone, il faut arriver à vaincre ses peurs et ses angoisses. Sinon, c'est l'immobilisme.

Dans ma vie, j'ai souvent dû faire face à de gros changements. Non, je n'ai pas vécu dans une région dévastée par la guerre civile, je n'ai pas connu la faim ni la souffrance. Mais je me suis pas mal secoué les puces d'une manière répétitive pour atteindre mes objectifs.

Afin de vaincre mes peurs, ma femme, qui est hypnothérapeute, m'a souvent fait faire un petit exercice que je trouve très efficace. Je vous explique dans cet article en espérant que cela vous aide à aller au-delà de l'immobilisme.

Vaincre ses peurs et ses angoisses : escalade

(pourquoi la photo ? car j'ai une frousse terrible du vide !)

 


Sortir de sa zone de confort

Certes, dans la vie, on peut faire de petits changements tout en restant dans son petit bac à sable.

Si je déprime, je peux m'acheter un bouquin sur "Comment vaincre sa déprime en 8 semaines sans effort" et éventuellement, si cela ne fonctionne pas, aller voir mon doc et me faire prescrire une tablette de Prozac.

Pas optimal, on est d'accord.

D'un autre côté, si je déprime car mon travail ne me satisfait plus, car ma santé est en vrac, car ma vie n'a plus de sens, il va falloir que je plonge dans l'inconnu pour pouvoir faire de gros changements.

Mais voilà, le changement, ça fait peur. En tant que petit poisson, je suis bien dans mon petit bocal. S'il faut sortir du bocal pour aller explorer l'océan, je vais peut-être croiser 2 ou 3 poulpes et qui sait, peut-être même un requin.

La peur est normale ici. C'est la peur de l'inconnu, la peur de l'échec. Vaincre ses peurs et ses angoisses ne signifie pas de les faire disparaître. Il y aura toujours quelques bonnes décharges d'adrénaline et de cortisol, les sueurs froides et les auréoles sous les bras.

Le but est simplement d'aller au-delà pour se mettre en mouvement.

 


La peur ultime : peur de la mort

La méthode que je vais vous exposer va mettre à jour le fait suivant : toute peur est, au final, une peur de la mort.

Pour que cette méthode fonctionne, il faut donc avoir exploré le sujet de la mort et être confortable avec. Voir mon article Accepter la mort pour mieux vivre. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas faire mon gros mystique et vous parler d'archanges et d'énergies célestes.

Mais cette réflexion est primordiale et je vais supposer que vous l'avez faite. Si vous n'en êtes pas encore à ce stade, alors il faut rembobiner et se concentrer sur cette étape. Vous pouvez arrêter de lire ici, la méthode que je vais vous présenter ne fonctionnera pas.

 


Demander "et si ça arrive ?" de manière récursive

Nous allons prendre une étude de cas pas du tout fictive et tout à fait réelle : celle de votre humble serviteur au clavier, moi.

Vers la fin des années 2000, j'ai pris la décision de laisser de côté une carrière que l'on pourrait qualifier de "succès" (selon les critères classiques) pour me lancer dans ma passion des plantes médicinales.

Pendant pas mal de temps, j'ai été déchiré par une passion fulgurante - retour à la nature, cultiver, cueillir, enseigner, participer aux problématiques de santé - et des peurs paralysantes - 3 gamins, salaire principal, vie confortable, pression de la famille et des amis, etc.

Grâce à Isabelle, ma femme, j'ai pu faire face à ces peurs en employant une méthode qu'elle utilisait en tant qu'hypnothérapeute. Ceci consiste à prendre le pire des cas et demander "et si ça arrive ?" de manière récursive.

Voici une simulation. Je vais utiliser des chiffres afin de revenir plus tard à certains points.

  1. J'ai peur de me lancer dans cette nouvelle carrière car j'ai peur de ne pas réussir à gagner ma vie.
  2. Et si tu ne réussis pas à gagner ta vie ?
  3. J'ai peur de ne pas pouvoir payer le logement, la nourriture, les factures.
  4. Et si tu ne réussis pas à payer le logement, la nourriture, les factures ?
  5. J'ai peur qu'on se retrouve à la rue.
  6. Et si on se retrouve à la rue ?
  7. Eh bien à ce stade, si personne ne nous aide, on dépérit, on tombe malade, nos besoins vitaux ne sont plus remplis.
  8. Et si nos besoins vitaux ne sont plus remplis ?
  9. On meurt.

Fin de la simulation bien évidemment.

Au final, toute peur aboutit à la peur de la mort.

 


Comprendre qu'on a envisagé le pire

Premier point important : lorsqu'on est en mesure d'accepter la mort, cette peur finale ne fait plus vraiment peur. Et ça, c'est énorme.

Certes, on pourrait penser que lorsque l'on n'a plus peur de la mort, on n'a plus peur de rien. Mais c'est faux, car dans la course de la vie quotidienne, on est toujours sous l'emprise de nos peurs, quelles que soient nos vues spirituelles. Il faut donc faire l'exercice pour constamment se rappeler que le point final est OK.

Ensuite, encore plus important, cet exercice nous permet de réaliser que tout au long de cette cascade d'évènements, nous avons vraiment envisagé le pire.

Par exemple, étape 3, est-il raisonnable de penser que je n'arriverai pas à payer le loyer pour un logement modeste ?

Non je ne pense pas. Je suis un bosseur, j'ai déjà travaillé dans les champs, j'ai déjà monté des palettes et chargé des camions. Tout ceci ne me fait pas peur et je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas trouver un petit travail. Pas l'idéal, mais vivable.

Étape 5, est-il raisonnable de penser que ma famille me laisserait dormir dans la rue ? Bien sûr que non. J'aurais au minimum un lieu pour dormir et de la nourriture, le temps de me remettre sur pied.

Etc.

Vaincre ses peurs et ses angoisses consiste donc à vaincre son pessimisme extrémiste.

 


Vaincre ses peurs et ses angoisses : conclusion

Lorsque vous êtes en proie à des peurs paralysantes, faites cet exercice. Allez jusqu'au bout. Poussez le raisonnement jusqu'à la peur ultime.

Et surtout, voyez qu'à chaque étape, il y a des dizaines d'options qui vous permettront de ne pas sombrer dans le scénario catastrophe.

Vous voyez comme vous avez envisagé le pire, le gouffre, le précipice ? En réalité, vous rencontrerez probablement quelques bosses sur la route, tout au plus.

Quelques bosses... c'est un petit prix à payer pour réaliser vos rêves, changer pour le meilleur, laisser derrière vous une vie qui ne vous satisfait plus, non ?