Tempérament dépressif : faut-il accepter de vivre avec ?

Certains sont nés avec un tempérament dépressif. Ils traînent ce boulet depuis tellement longtemps. D'autres semblent avoir cette incroyable capacité à être heureux. Ils sont juste comme ça. Ce qui peut être un peu frustrant pour le reste d'entre nous :-).

Vous voyez de quoi je parle ? Personnellement, j'ai vécu dans cette mélasse émotionnelle pendant plusieurs décennies, sans en être conscient. Cela a bien changé aujourd'hui. Mais si vous avez cette tendance à broyer du noir, j'aimerais vous redonner de l'espoir. Croyez-le ou non, ça se soigne.

Peut-on vraiment aller au-delà d'un tempérament dépressif afin d'apprécier la vie dans tous ses moments ? Oui c'est possible. On part avec un gros désavantage, c'est clair. Mais avec une approche active, on peut se dépasser. C'est l'idée que je développe dans cet article.

Pour information, je ne parle pas ici d'un état de dépression clinique mais d'une tendance à la déprime qui pourrait, au long terme, mener à la dépression.

Tempérament dépressif : est-ce une prison ?

 


La différence entre la météo et le climat

J'aime beaucoup l'image utilisée par Christophe André. Il y a le tempérament et l'humeur. Le tempérament, c'est un peu notre tendance "de base" à voir la vie d'une certaine manière. Verres gris ou verres roses, choisissez vos lunettes.

L'humeur, elle, est beaucoup plus volatile. Elle est composée des variations de tous les jours - joies, peines, frustrations, satisfactions, etc. L'humeur du jour se superpose au tempérament "de base".

Le tempérament, c'est un peu comme le climat de votre région. Chez moi, en Provence, il fait chaud et sec. Certes, il peut pleuvoir. Mais dans l'ensemble, on sait à quoi s'attendre et comment s'habiller (souvent short et t-shirt 🙂 ).

Les humeurs, c'est un peu comme la météo du jour. Cela varie. Fait parfois beau, fait parfois moche, c'est comme ça. Mais ce sont des petites variations autour d'une moyenne fixée par le climat.

Pour revenir au moral, on est un peu trop focalisé sur la météo du jour. C'est la pointe visible de l'iceberg. En revanche, on se pose rarement la question du climat - suis-je dans la bonne région du monde ?

 


Tempérament dépressif : en êtes-vous conscient ?

Personnellement, il m'a fallu longtemps pour m'apercevoir que j'avais effectivement une certaine tendance, un tempérament. Et ce tempérament, cette manière de voir la vie, ces lunettes, avaient plutôt des verres gris.

Pourquoi ? Je ne sais pas. Ai-je souffert pendant mon enfance ? Non. Franchement (et les études confirment ce point), j'ai l'impression qu'une certaine génétique explique ce mauvais préréglage du thermostat.

Oh j'avais souvent des moments de joie. Mais inconsciemment, c'était plutôt le pessimisme qui tentait mes journées. Les phases dépressives, ou de nostalgie, ou de regret de ne pas être au bon endroit, de faire ce que j'étais supposé faire sur cette planète... tout ceci alternait avec les phases de joie.

Ce tempérament "de base" a un impact massif sur nos humeurs du jour. Il est donc judicieux d'essayer de changer de région plutôt que de pester au sujet du froid humide si l'on vit au nord de l'Écosse.

Êtes-vous conscient de votre tempérament ?

Comment est-il ? Plutôt verres roses ou verres gris ?

 


Détectable au bout de quelques jours

David Watson, psychologue et chercheur, a suivi 459 personnes pendant une trentaine de jours pour étudier leur humeur. Toutes ces personnes ont des vies très différentes, avec des évènements très différents. On aurait donc pu penser que les humeurs suivent les évènements, qu'ils soient joyeux ou non.

Mais il n'en est rien. Dès les premiers jours, on voit l'humeur se stabiliser autour d'une moyenne qui est propre à chaque personne. Certains sont, dans leur fondation, de tempérament joyeux. D'autres sont de tempérament dépressif.

Et au plus les jours passent, au plus la tendance se confirme. Nous avons donc chacun notre tendance qui nous est propre. Boulet à traîner, chaîne incassable ? Non, comme nous le verrons plus bas.

 


Prendre conscience d'un tempérament dépressif

Cela va vous paraître évident. Mais il faut que je le dise. Ce n'est qu'à partir du moment où vous avez conscience de votre tempérament dépressif que vous pouvez agir dessus.

En ce qui me concerne, j'étais conscient de mes explosions de colère, de ma mauvaise humeur certains jours, de mon besoin d'être seul, sans parler, un ours dans sa tanière. Et puis je ressortais de ma tanière, tout allait bien, j'étais joyeux. Jusqu'à la prochaine hibernation émotionnelle. Ces yoyos, tout le monde les vit, non ?

Pas exactement. Ce qui était une situation problématique pour moi était une occasion de progresser et d'apprendre pour d'autres. Il a donc fallu que ceci me frappe en plein nez - je suis né avec un tempérament dépressif et plutôt pessimiste. Ceci a affecté une partie de ma vie.

Il faut la faire, cette prise de conscience. Si vous vivez des yoyos émotionnels, entre la bonne humeur et la perte de motivation, entre les rires et les colères, entre les envies d'aller voir des amis et de vous planquer dans un trou, il faut gratter voir ce qui se cache dessous.

Puis admettre que vous êtes probablement né comme ça. Attention, ceci n'est pas du défaitisme. C'est juste un état des lieux.

 


Les 4 étapes de Christophe André

Ce psychiatre bien connu a une vaste expérience en ce qui concerne la dépression et le bonheur. Il a accompagné de nombreux patients tout au long de sa carrière.

Voici le message d'espoir qu'il nous livre : "A l'évidence, certains tempéraments vont nécessiter des efforts et des réajustements plus fréquents. Mais l'expérience des psychothérapeutes prouve que de nombreuses personnes qui n'étaient pas au départ douées pour le bonheur, ont peu à peu appris à accéder au bien-être émotionnel et ont rattrapé leur retard en matière de capacité au bonheur".

Il explique que la marge de manœuvre pour se rendre plus heureux est réellement importante, à 4 conditions :

  1. Comprendre que l'on peut échapper à son "destin" (ou mieux encore : se rappeler que ce destin n'existe pas) ;
  2. Avoir conscience que le bonheur est une construction ;
  3. Savoir comment agir ;
  4. Agir !

Le but de cet article est simplement de vous faire prendre conscience des 2 premiers points. Car personnellement, je n'en avais pas conscience.

Certes, vous êtes peut-être né comme ça. Mais vous pouvez y échapper. Ce n'est pas une prison.

Ensuite, on peut construire le bonheur. Et si vous ne me croyez pas, croyez un homme d'expérience comme Christophe André. Oui il faudra bosser 2 fois plus que les autres. Oui il faudra une motivation qui n'est parfois pas exactement en place. Pas encore.

Le processus est itératif. Il est long. Mais diantre, sapristi, morbleu (pour ne pas dire putain !), on peut se sortir de là. Le tout en ignorant ce que les autres peuvent dire à notre sujet...