Vivre en autarcie : idée tentante mais pas la solution

Si vous êtes comme moi, moitié ours mal léché, moitié amoureux de la nature, vous avez déjà pensé à vivre en autarcie. Si, avouez-le, ça vous a déjà chatouillé.

Pourquoi je vous en parle aujourd'hui ? Car une amie est passée me voir il y a quelques jours. Elle revenait d'un stage "immersion en pleine nature". Au passage, elle m'a conseillé de regarder une vidéo de Kim Pasche que je vous mets en pied de page. La vidéo m'a beaucoup fait réfléchir.

Tout ceci me tente d'aller plus loin dans l'immersion nature et donc dans l'isolement. Mais est-ce la solution ? Voici mes réflexions sur le sujet.

Vivre en autarcie : est-ce la solution ?

 

Cette envie irrésistible de fuir le monde

Vous essayez de convaincre vos proches qu'il faut s'intéresser à l'écologie, mais personne n'écoute. Si vous êtes sensible à ce qu'il se passe dans le monde, les espèces en voie de disparition, les déforestations, la surpopulation, mais vous ne voyez aucune solution à l'horizon.

Résultat : vous avez envie de vous casser loin, très loin de tout ce merdier.

Mon père, dans ma jeunesse, avait cette expression "sac à dos la montagne" (pas de virgule, pas de conjonction de coordination, c'est voulu). Ça voulait dire : là, tout de suite, venez pas me titiller. Du coup, cette expression m'est restée, et j'ai moi aussi, régulièrement, mes moments "sac à dos la montagne".

Partir, tout laisser derrière.

Mais on va pas se mentir. Ceci est une fuite. C'est un désir de ne plus voir la situation actuelle. Stratégie de l'autruche. Et en toute honnêteté, lorsque j'y pense, je me dis que c'est peut-être la facilité. C'est peut-être même un peu lâche...

 

Vivre en autarcie ne résout rien

On peut s'éloigner de l'incendie. Sachant que près du brasier, fait toujours aussi chaud. Y a des pompiers qui s'activent. Nous, on préfèrerait être ailleurs.

Mais au fond, on n'est pas comme ça. On a envie de contribuer, modestement et à notre manière, à l'extinction du feu. On a envie d'apporter un peu d'eau, même si c'est un verre à dent, un dé à coudre. Même si c'est symbolique, un peu ridicule quand on y pense. Ça nous donne un objectif, un but, ça nous tire de l'avant.

Dans ce cas, il ne faut pas trop s'éloigner du feu non plus.

 

Un pied ici, un pied là-bas... le grand écart ?

La position idéale se trouve probablement un pied dans le merdier et un pied dans la nature et le sauvage.

Pourquoi ce grand écart ?

Le premier pied reste dans le monde industrialisé. Il nous permet de garder contact avec la réalité. Eh oui, c'est ici que ça se passe. C'est ici qu'on vote (ne me branchez pas là-dessus, on va y passer la nuit). C'est ici qu'on communique. C'est ici que l'on peut expliquer l'importance de ce qui se trouve du côté de l'autre pied.

Car l'autre pied, il est dans la nature et dans le sauvage. Cette zone géographique qui ne contient pas de relais 5G et de Burger Kings. C'était notre terrain de jeu dans l'enfance de l'humanité. C'est un terrain que nous ne comprenons plus, dans lequel nous ne savons plus survivre (sauf Kim).

Mais il nous manque terriblement. On le voit bien lorsque justement, on part en montagne avec le sac à dos. On se ressource. On revit. On sent bien, au fond de nos tripes, que nous sommes des animaux d'extérieur, de vert, d'arbres et d'herbes.

Aujourd'hui, ce terrain doit être protégé. Et pour le protéger, il faut le comprendre. Et pour le comprendre, il faut faire comme a fait mon amie. Faire des stages et réapprendre les gestes premiers. Remettre les mains dans la terre. Apprendre à reconnaitre les herbes, les arbres, les champignons, les oiseaux. Dans le respect, sans rien piller.

Ensuite, il faut ramener ce savoir vers le monde "civilisé". Et s'ils n'écoutent pas ? Pas grave, on va répéter, ils finiront par entendre. Et l'alternative, c'est quoi, tout laisser tomber ? Non, on ne peut pas faire ça.

N'oublions pas, au passage, que changer le monde commence par soi.

 

Vivre en autarcie : ceux qui savent

J'ai utilisé des mots durs au sujet de mon envie de vivre en autarcie : stratégie de l'autruche, lâcheté. Ceci s'applique à moi, certainement pas à des personnes comme Kim Pasche.

De plus, il a lui aussi un pied dans le monde moderne et un pied dans le Yukon. Il faut, lui aussi, qu'il jongle entre ces deux mondes, lui beaucoup plus que nous d'ailleurs. En effet, revenir de 8 mois d'ensauvagement et reprendre la vie industrialisée, faut pouvoir le faire !

J'ai un très gros pied dans le merdier, un tout petit pied dans la nature et le sauvage (genre pied de poule).

Kim Pasche, lui, à un très gros pied dans le sauvage (genre pied d'éléphant) et une minuscule patounette chez nous.

Les deux attitudes sont acceptables, je pense. Tant que l'on participe, d'une manière ou d'une autre, à faire respecter une nature qui devra peut-être, un jour, nous accueillir à nouveau, sans les antennes 5G et les Burger Kings.

Si elle veut bien de nous.

En tout cas, je ne pense pas que vivre en autarcie soit la solution.

 

A voir : Yukon, la quête sauvage (avec Kim Pasche)

(merci Mélanie 😉 )