Être né optimiste : cadeau ou boulet ?

Je l'avoue, j'aurais voulu être né optimiste.

Vous avez peut-être entendu parler de cette étude (1), ou compulsé l'un des nombreux articles qui en relate les conclusions. En une phrase : la génétique est responsable d'environ 50% de la variation du niveau de bonheur dans la population américaine. Ceci s'applique probablement d'une manière générale à d'autres cultures.

Traduction en clair et sans fioritures : vous avez un capital "bonheur" de naissance. Ce capital détermine, en grande partie, votre niveau de bonheur "par défaut", votre tendance innée si vous voulez.

être né optimiste : 50% inné

 

Être né optimiste : ça existe ?

Ouaip. Vraiment. Ça existe. Pas chez moi hein, mais j'en connais. 

Le genre de personne qui, de nature, va voir la vie du bon côté. Vous en faites partie ? Si oui, passez votre chemin, je n'ai rien à vous dire 😉

Cet article s'adresse au reste d'entre nous. Ceux qui, s'ils se laissent un peu trop glisser dans leur tendance innée, ont vite fait de broyer du noir. 

(Note importante : je ne parle pas ici de situation de dépression clinique - je ne suis ni psychiatre ni psychologue, on reste dans une tendance relativement gérable avec des hauts et des bas.)

Je fais partie de ce groupe. Et je constate définitivement un trait bien familial. Dans le style "quel est le pire qui puisse arriver dans une situation donnée", je voudrais la mère, la sœur, le grand-père, etc. Le jeu des 7 familles, version déprime générationnelle. Le gang de ceux qui démoralisent, parfois sans raison.

Pour vous donner un exemple, lorsque j'étais gamin, pour ma mère, une sortie en bus scolaire signifiait un virage manqué, une dégringolade de 200 m dans un ravin, 20 tonneaux, explosion, 58 morts, aucun survivant. 

Et pour le message encourageant : ça se soigne. Mais alors, c'est une pratique quasi journalière. Un peu comme un sport. Il faut faire travailler ce muscle de l'optimisme. Sinon, c'est l'appel irrésistible du verre à moitié vide (verre précédemment rempli d'une bonne bière bien fraîche, tant qu'à faire). 

 

Profiter de cette opportunité

J'ai récemment eu une réalisation. Si, je vous assure, un peu comme un moment eurêka.

Cela m'a frappé après avoir discuté avec un ami qui est détestablement positif non-stop sans le faire exprès (je blague bien sûr, je l'aime beaucoup, le gars). Et j'ai bien vu qu'il avait des certitudes sur la vie, sur la manière d'aborder certaines situations compliquées, des vues qui ne peuvent venir que d'un grandissime optimiste d'un autre monde.

J'ai aussi vu qu'il ne comprenait absolument pas la souffrance que peut engendrer ce négativisme qui nous a plombé une partie de notre vie.

Pas de compassion, car pas de compréhension.

Pas de bonne solution à proposer, car pas de compréhension.

Eh oui, lorsqu'on ne l'a pas vécu, on ne peut pas bien en parler ni suggérer des solutions pour s'en sortir. Vu qu'on n'y est jamais rentré.

 

Être né optimiste... ou le devenir ?

Mon parcours ces 30 dernières années, à essayer de réduire mes colères vénusiennes, à tenter de trouver du bonheur dans les moments simples, à relativiser les pronostics sur le futur de notre petite boule en rotation...

Ce parcours, sinueux, parfois un peu décourageant, parsemé du 2 pas en avant et 1 pas en arrière, m'a offert beaucoup de compassion et d'humilité.

Il m'a donné une longueur d'avance sur ceux qui sont nés "du bon côté" de l'équation bonheur.

Une longueur d'avance ?

Oui. Car je suis devenu heureux avec les années, à coups d'efforts, de sueur, de remise en question. C'est un bonheur relativement stable aujourd'hui.

Ce parcours me rapproche de beaucoup de personnes qui traversent des moments difficiles. J'ai de la compréhension et de la compassion. Et ça, c'est précieux. Cela m'aide à faire mon travail. C'est, j'en suis convaincu, une longueur d'avance.

Je remercie donc ma lignée génétique de m'avoir fait naître "du mauvais côté" de l'équation bonheur. 

Si vous êtes comme moi, j'espère que vous remercierez, vous aussi, votre popa, moma, papynou et autres ancêtres grincheux et catastrophistes. 

Car l'apprentissage se trouve sur le chemin, pas à destination. Si on est déjà arrivé à destination à la naissance, il est où, l'enseignement ?

Bon voyage !

 

(1) Lyubomirsky, Sonja & Sheldon, Kennon & Schkade, David. (2005). Pursuing Happiness: The Architecture of Sustainable Change. Review of General Psychology. 9. 111-131. 10.1037/1089-2680.9.2.111.