Personne difficile : une vraie opportunité de croissance

On a tous, un jour ou l'autre, rêvé de faire disparaître une personne difficile de notre vie. On sort la baguette magique en noisetier trouvée au marché aux puces avec certificat d'authenticité, et pouf, bye bye emmerdeur (ou emmerdeuse, ces gens-là se déclinent dans les deux genres).

Autre réflexe tout à fait compréhensible : laisser la personne difficile là où elle est, dans son jus, et partir le plus loin possible pour établir une nouvelle vie. Par exemple, si vous habitez à Perpignan, vous êtes tenté de déménager à Dunkerque.

Coupable d'avoir eu toutes ces pensées-là. Jusqu'à ce que je m'aperçoive que toute personne difficile placée sur mon chemin est en fait une opportunité de croissance, de gestion de mes émotions, de découverte de moi et du monde autour de moi.

Comment gérer une personne difficile

Naïf ? Je ne pense pas car j'ai une partie en moi plutôt réaliste et terre à terre. Une meilleure manière d'aborder la vie et les relations humaines pour mon propre bonheur ? Absolument, car l'alternative est la colère et le conflit.

Et surprise des surprises, chaque emmerdeur peut dissimuler une belle personne. Sous une pellicule d'une grande amertume, il se cache parfois un cœur tendre et doux, du style un chocolat qui offre un extérieur cacao 90% pour ensuite s'ouvrir sur un centre praliné fondant (je suis en effet obsédé par le chocolat).


1. La personne difficile nous aide à mieux comprendre le monde

Dans quelle situation exactement apprenons-nous à devenir meilleur ? À nous remettre en question ? Dans les situations difficiles.

Il en faut. Pas beaucoup sinon on devient misérable. Mais il en faut régulièrement sur un chemin de vie. Sinon, on n'apprend rien, on reste figé dans une routine qui finit par devenir fade.

La personne difficile a un rôle à jouer dans notre vie. De toute manière elle est plantée là, donc autant lui donner un rôle et une signification :-). Elle est certes pénible, pour ne pas dire insupportable. Mais elle n'a rien à changer. Elle n'a pas besoin de se remettre en question. Nous le lui souhaitons, bien évidemment. Mais ça, c'est sa vie, son chemin.

De notre côté, c'est à nous de comprendre ses besoins et sa souffrance, pour ensuite voir comment nous pouvons cohabiter. Elle est là, la leçon. Et attention, je parle ici de situations dans lesquelles il n'y a pas menace ou abus de la personne bien évidemment, sinon ceci relève du système judiciaire et vous pouvez fermer cet article.

Mais dans une grande majorité des cas, la personne difficile nous aide à cerner la grande complexité humaine, de voir que pas tout le monde ne pense comme nous. De nous mettre dans les chaussures de l'autre, de porter ses lunettes et voir la vie au travers de ses filtres. Et une fois ceci compris, de nous adapter.

En mettant en avant notre curiosité, je pense que tout ceci peut devenir fascinant. N'est-ce pas la meilleure façon de voir les choses ? Voir la vie comme une grande expérimentation. Par exemple, comprendre comment ce que je vais dire aujourd'hui à une collègue insupportable peut influencer l'évolution de notre relation.

C'est ça la clé, je pense, la curiosité. C'est la seule manière de transformer un défi pénible en une expérimentation intéressante pleine de surprises potentielles.


2. La personne difficile souffre

Il faut beaucoup de maturité pour assimiler ce concept. Car on ne voit souvent qu'une chose : notre propre souffrance. Elle est grosse, bruyante, rouge vif et elle pulse en nous.

Mais la personne difficile souffre, elle aussi, et ne connait qu'une seule manière de fonctionner : infliger aux autres sa propre souffrance, souvent d'une manière involontaire (là encore, je parle de situations classiques sans abus physique ou psychologique, je précise).

Lorsque je dois traiter avec une personne difficile, c'est la première chose que je me dis. Cette personne est en souffrance et elle a besoin d'aide. J'essaie de mettre mon ego de côté un instant et de voir ce que je peux faire, en faisant appel à la curiosité mentionnée précédemment.

Si on arrive à dire à la personne que l'on comprend sa frustration, à lui montrer qu'on a entendu sa souffrance, parfois une petite lumière va s'allumer dans ses yeux. Et à partir de ce moment-là, la dynamique va changer.

Comment feriez-vous si vous deviez gérer un enfant en train de faire un gros caprice ? Si vous êtes dans un bon jour, vous faites preuve de patience et de compréhension et vous essayez de comprendre quelle frustration se cache sous le caprice.

Dites-vous que la personne difficile, au travers d'un comportement qui peut parfois sembler dysfonctionnel, est comme un enfant qui crie à l'aide. Cette image m'aide beaucoup. Parfois, il suffit d'un petit changement de perspective pour modifier d'une manière drastique l'énergie du moment.


3. Découverte d'un allié sur qui on peut se reposer

Il existe de nombreux témoignages d'individus comme vous et moi qui ont fait l'effort de mieux connaître une personne difficile, de pénétrer dans leur cercle solitaire. Dans certains cas, une relation authentique prend naissance. J'hésite à parler d'amitié car en fonction de la situation, c'est beaucoup demander. Mais une relation de bonne entente avec respect mutuel est tout à fait possible.

Je me souviens d'une collègue qui avait énormément de mal à travailler avec sa cheffe. Elle était prête à démissionner. Puis elle décida d'attendre encore un peu. Et quitte à attendre, elle essaya de se soucier de sa cheffe et de ses besoins plutôt que de ressasser ses propres frustrations. Elle décida donc de prendre la situation sous l'angle de l'écoute de l'autre et de la curiosité.

Chose surprenante, la relation ne s'est pas vraiment améliorée... en apparence. La cheffe était toujours sèche et désagréable. En revanche, peu à peu, elle s'est mise à défendre son employée, à parler d'elle en bien à d'autres.

Tellement que ma collègue a eu plusieurs offres d'emploi dans d'autres groupes. Lorsque la cheffe a appris cela, elle s'est personnellement investie pour expliquer aux autres groupes combien son employée serait un atout.

Ma collègue en a été estomaquée. Elle a gardé contact avec son ex-cheffe, et bien qu'elles ne soient pas devenues les meilleures amies du monde, elles gardent un bon rapport et se voient régulièrement. Sous cette carapace de glace, il existait bel et bien un être humain avec un grand cœur, certes d'apparence un peu piquante.

 

Tout ceci n'est pas facile. Il faut arriver à le faire d'une manière authentique, sans apparaitre comme un lèche-botte, sans se laisser marcher dessus. Il faut de la pratique... une vie de pratique !