Y a-t-il un lien entre les biens matériels et le bonheur ?

Je ne vais pas vous faire de leçons dans cet article. Pas de tirage d'oreilles. Je suis mal placé pour le faire, pendant pas mal de temps j'ai dégainé la carte de paiement plus vite que Billy the Kid.

En effet, je suis ce qu'on appelle un "gadget freak". En d'autres termes, mon passé d'ingénieur fait que j'ai tendance à adorer les petits objets électroniques qui coûtent cher.

Mais je travaille sur cette faiblesse. Et il le faut bien, car la vie (ainsi que les études) nous démontre sans équivoque que s'il existe un lien entre les biens matériels et le bonheur, c'est un lien très faible.

A choisir un achat, il vaut mieux investir dans une expérience alignée avec nos objectifs de vie, et non dans du matériel.

Explicaciones, por favor...

les biens matériels et le bonheur

 


Le minimum vital

Vu qu'on parle d'argent, on va déjà éliminer les situations dans lesquelles nous n'avons pas le minimum vital pour vivre. Dans ce contexte, il va de soi qu'un bien matériel va contribuer à notre bonheur.

Maslow l'expose clairement dans sa pyramide. Les deux besoins suivants doivent être comblés afin d'être heureux (ils ne sont pas suffisants, mais ils sont nécessaires). Ils appartiennent au monde matériel et demandent un minimum d'argent :

  • Les besoins physiologiques liés à notre survie : manger, boire, se vêtir chaudement lorsqu'il fait froid, etc.
  • Les besoins de sécurité : se sentir protégé physiquement (avoir un toit), sécurité contre la violence, sécurité médicale, etc.

Dans cet article, j'écarte le cas d'une personne qui n'a pas ces besoins vitaux satisfaits.

Je parle donc du "citoyen moyen" (moi inclus) qui a de quoi manger, de quoi se loger, une protection physique et morale, et se pose des questions sur où placer ses prochains 250 € ou $.

(les derniers écouteurs sans fil avec technologie anti-bruit ?)

 


Serions-nous tous des mendiants ?

Je ne parle pas d'un "vrai mendiant" ici qui se bat pour sa survie. Celui-là mendie car ses besoins vitaux ne sont pas remplis, et il a de bonnes raisons de le faire.

Je parle de nous, mendiants émotionnels.

Nous tendons sans cesse la main pour avoir plus, encore plus, toujours plus. Et on ne sait même pas pour quoi faire. Nous recherchons cet espèce d'orgasme émotionnel et temporaire qui arrive juste après avoir ouvert le paquet dans la boîte aux lettres qui contient le dernier joujou.

Ça, c'est combler du vide, c'est s'occuper d'une manière futile car on s'ennuie. Mais je l'ai fait moi-même tellement de fois !

Nous sommes condamnés à être des mendiants émotionnels tant que nous n'avons pas répondu clairement à la question suivante : quel est notre objectif sur cette planète ? Comment voulons-nous donner du sens à notre vie ?

Une fois cet objectif clairement énoncé, nous pouvons choisir d'investir notre argent dans toute chose qui nous amènera à cet objectif final.

Nous ne sommes plus dans la mendicité, mais dans la planification de nos grands projets. Tout s'aligne pour nous donner du sens. Et ce sens ne se trouve en général pas dans le matériel.

 


Les expériences, les biens matériels et le bonheur

Je vais parfois dénicher une étude pour appuyer mes propos. Car sinon, je vous connais, vous allez me dire "oui mais ces derniers écouteurs sans fil avec technologie anti-bruit, ils m'ont l'air bien sympathiques".

Allons donc voir ce que ces gentils scientifiques nous disent (*).

On demande à des personnes d'investir une certaine somme d'argent, soit dans un bien matériel (produits de beauté, habits, bijoux, électronique, etc), soit dans une expérience (un repas avec un proche, un concert, un voyage, etc).

Ensuite, on fait un suivi pour voir quel investissement a fourni le plus de satisfaction.

Les résultats sont clairs, pas de surprise : les biens matériels constituent une barrière à une vie satisfaisante. Au plus on désire un bien matériel, au moins nous serons satisfaits.

Pour être précis, 57% des personnes furent satisfaits avec des achats d'expérience, le pourcentage dégringolant à 34% pour les achats matériels.

 


L'expérience reste dans nos mémoires

L'expérience laissera toujours une mémoire vivide. Elle nous permet d'assouvir notre besoin d'appartenance (faire un pique-nique avec des amis), notre besoin d'estime (être reconnu pour nos contributions) et notre besoin de s'accomplir (se lancer un défi et le réaliser).

Certes, nous avons besoin du matériel pour réaliser ces expériences. Si vous vous lancez le défi de gravir un sommet à pied, il vous faudra de bonnes chaussures de marche et un sac à dos. Mais le but ici est l'expérience, pas le matériel.

Idem si vous décidez de construire un abri pour recueillir des chiens abandonnés. Il vous faudra des briques et du ciment. Mais le but est d'aider des chiens, pas de contempler la dernière truelle avec manche ergonomique et se lasser au bout de 3 jours (je vous rassure, cela ne m'est jamais arrivé avec une truelle).

Le partage et l'expérience restera dans nos esprits le jour où nous aurons les cheveux gris, le front plissé, et que nous ferons le bilan de notre vie.

Qui se souviendra des derniers écouteurs sans fil avec technologie anti-bruit ?

 

(*) Van Boven, Leaf. (2005). Experientialism, Materialism, and the Pursuit of Happiness. Review of General Psychology. 9. 10.1037/1089-2680.9.2.132.