Quitter sa zone de confort : réflexions
Faites une rétrospective des grands apprentissages de votre vie. Des épisodes formateurs. Vous constaterez, en principe, que la croissance s'est faite hors de votre zone de confort.
En d'autres termes, vous avez vécu des moments difficiles. Sur le coup, vous avez eu l'impression qu'il n'y avait pas de sortie de crise, d'échappatoire. La grosse galère quoi. Mais vous avez trouvé les ressources nécessaires pour vous en sortir, tant bien que mal. Vous y avez laissé des plumes.
Aujourd'hui, en mode rétrospectif, vous arrivez à mettre du sens à ce que vous avez vécu. L'évènement vous a rendu plus fort, plus résilient.
Note : je ne parle pas de grands traumas qui nécessitent un suivi psychologique ou psychiatrique. Je parle d'évènements de la vie tels que la perte d'un travail, d'un ami proche, une banqueroute financière, etc. Des évènements très perturbateurs, mais desquels on se remet en général (oui, je sais, il y a des exceptions, même parmi ma liste, donc dans le doute, faites vous accompagner par des professionnels).
Quitter sa zone de confort pour aller vers le burnout
Quitter sa zone de confort est nécessaire pour maturer. En revanche, il ne faut pas trop s'en éloigner. Gardez cette formule en tête, car elle permet de "jouer" avec ce concept sans nécessairement se cramer : "hors de sa zone de confort, toujours dans sa zone de récupération". Il existe donc une zone optimale, souvent excessivement fine, qui nous permet de nous stimuler pour croitre, sans forcément nous user jusqu'à l'os.
Arriver à ressentir cette zone optimale est le travail d'une vie. En tout cas, c'est un peu l'histoire de ma vie, c'est pour cela que j'écris cet article. Si vous avez tendance à faire avant d'analyser, à expérimenter avant de planifier, si vous ne tenez pas en place, si vous êtes un grand hyperactif de la vie, vous basculerez fréquemment dans la "zone rouge" (Houston, we have a problem). Celle qui vous emmènera tout droit vers l'épuisement et le burnout.
D'autres ont la tendance inverse : en voulant trop rester dans la zone de confort, en craignant les conséquences de la mise en mouvement, on végète. La procrastination devient un mode de vie. On vit la vie dans notre tête, pas dans le réel. Pas ou peu de croissance dans le monde virtuel.
Les épisodes involontaires
Faites confiance à la vie pour vous apporter son lot de surprises et d'évènements inattendus. Je ne parle pas du facteur qui vous apporte un cadeau d'un admirateur anonyme. Je parle des grands chamboulements. Ceux qui sont reçus, a premier abord, avec la boule au ventre et la sensation de catastrophe imminente. Risque d'écroulement de notre petit monde bien organisé, bien huilé.
Comment se préparer à ces épisodes ? En travaillant sur soi. En faisant les grandes réflexions. En lâchant toute espérance d'être vraiment prêt. On ne saura jamais sans l'avoir vécu. Et lorsqu'on le vit, on se dit putain, ça pique, jamais j'aurais pensé...
Mais en faisant "le travail", on aura plus de ressources. On se connaitra mieux. On verra certaines de nos réactions comme des biais qui viennent de notre passé. On rebondira plus facilement. On saura quelle personne aller consulter, quel livre feuilleter, quelle pratique pratiquer.
Le travail est indispensable. Le travail, c'est ce que je suis en train de faire pour moi-même en écrivant cet article (ce site est mon journal). Le travail, c'est philosopher sur sa vie, et la vie en général, lorsque les choses sont stables (ça ne durera pas).
La grosse baffe arrivera. Serez-vous en mesure de la prendre sans vous consumer ? Resterez-vous dans votre zone de récupération ? Allez savoir ! Moi, c'est le yoyo. Je rentre dans la zone rouge, puis j'arrive à m'en sortir. Ça tient. Certains jours, c'est précaire. Si je dors mal, c'est comme du sable mouvant. Mais ça tient, grâce au "travail".
Les épreuves, les échecs, les obstacles obligent à se réinventer, à s’adapter, à se renforcer.
Les épisodes volontaires
Ce sont ceux que l'on se crée pour volontairement quitter sa zone de confort. Comme un sport, ça se pratique.
Physique (valider avec médecin) :
- Activité sportive
- Exposition au chaud (saunas, hammam)
- Exposition au froid (bains, douches, le torrent des Alpes suisses à 6°C)
- Restriction alimentaire (jeûne intermittent ou prolongé)
Mental :
- Apprendre à jouer d'un instrument
- Apprendre à travailler le bois
- Apprendre à dessiner
- Etc.
Émotionnel :
- Aller démarcher des proches pour demander de l'aide
- Aller démarcher des clients pour vendre un service, ou vendre des chocolats pour financer une association (oui, j'aime le chocolat alors autant vendre un produit que je connais bien)
- Aller faire une présentation devant une audience
- Affronter ses peurs sociales en se mettant dans une situation embarrassante
- Etc.
Provoquer une sortie de sa zone de confort demande une bonne vitalité. Les choses se corsent lorsqu'on ressent un épuisement physique et mental. Et pourtant, à un moment, on sent bien qu'il va falloir se remettre en mouvement, sinon on va rester bloqué dans cette zone d'inertie encore longtemps. Ça encore, c'est quelque chose que j'ai vécu. Traverser des mois d'apathie, de manque de motivation, car je m'étais trop usé auparavant et tout avait lâché. Et devoir, très délicatement, très doucement, me sortir de ma zone de confort, recréer du mouvement physique et mental. Me botter les fesses quoi. Deux pas en avant, un pas en arrière car je n'avais plus de résilience. Et recommencer. Chaque jour encore un peu. Et ça finit par fonctionner. L'énergie et la motivation reviennent.
Quitter sa zone de confort : processus d'hormèse(*)
La version courte, crue, simpliste, en mode guerrier :
Ce qui ne me tue pas me rend plus fort.
La version un peu plus longue, à méditer :
C'est hors de la zone de confort, mais dans la zone de récupération, que la croissance physique, mentale ou émotionnelle peut se faire.
Comme expliqué précédemment, cette zone est très fine. Elle doit se ressentir. Il faut la vivre au travers d'expérimentations. Elle doit être découverte au travers du travail. Et elle est indispensable pour pouvoir maturer et affronter la vie.
Références
(*) Définition de l'hormèse appliquée à des processus physiologiques

